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Cours [RP SOLO]
Alec
Messages : 55
Alec
Camarade



Mer 1 Mai - 14:26
Cours

 
TW: violence physique et mentale

Tu sors de chez Muse torse nu. Tu ne devrais pas, c’est ce que tu dis le regard des élèves que tu croises. Non. Ce n’est pas le fait d’être torse nu qui les dérange. C’est le sang qui recouvre ton visage, ton torse, ton dos, qui a déjà imbibé ton jean, les marques de strangulation et de morsure. Tu fais peur à voir, on pourrait presque dire que tu viens de tuer quelqu’un.

C’est le cas.

Tu viens de tuer la dernière part d’innocence qui demeurait en toi, celle qui voulait encore croire que tu étais quelqu’un de bien, d’altruiste, que faire du mal aux autres t’horrifiait, que tu fuyais la violence. Tu as un rire froid qui résonne dans les couloirs. Le rêve était si beau, trop beau pour ne pas être un cauchemar.

Tu bifurques vers les extérieurs, tu as besoin de marcher pour respirer et réfléchir. Tu as besoin de bouger et tu ne veux pas avoir de public, encore moins rentrer à l’appartement. Tu aurais presque aimé croiser ta sœur à ce moment-là, que vous puissiez partager vos noirceurs communes. Au moins elle a eu le courage de l’afficher, de ne le cacher à personne. Toi tu mens, aux autres et à toi-même. La seule personne à qui tu n’as pu mentir c’est Muse. Tu n’as jamais ressenti autant de haine qu’envers cette personne et pourtant elle t’attire comme le soleil attirait Icare. Tu t’es approché et tes ailes sont parties. Tout ce qu’il te restait à faire c’était tomber.

Donc tu tombes.

Le noir de la forêt t’attire, comme un écho à ce que tu ressens à l’intérieur. Tu marches d’abord lentement avant d’accélérer légèrement le pas. Les images de vos ébats sont comme imprimées sur tes rétines, tu ne peux les faire partir, que tes yeux soient fermés ou grand ouverts. Tu voudrais te les arracher, les faire sortir de ta tête. Tu ne veux plus de cette sensation de plaisir dans le creux de ton ventre. Ton propre corps te trahi, tu te sens totalement déphasé avec tes envies et ça te rend complètement fou. Tu enrages, serres les dents et les poings, accélère encore le pas.

Tu es un monstre.

C’est ce que te répètes en boucle tes pensées. Tu es un animal, une bête, la violence qui est en toi ne demande qu’à ressortir, tu veux qu’elle ressorte. Tu en as marre d’essayer de soutenir les autres, d’essayer d’aller bien, de sourire, de combler ce vide immense qui est en toi. Tu as envie de tomber définitivement dans une de tes nombreuses addictions, plonger enfin et embrasser totalement l’être que tu es. Devenir ton plein potentiel au point d’en égaler Elarielle, prendre ta part sombre dans tes bras pour ne garder plus qu’elle.

Tu accélères encore, commence à trottiner.

Tu te rappelles de toutes les pensées que tu as eues quand tu as commencé à te perdre avec les autres. Ce moment où tu t’es enfin décidé à arrêter à cause de ton contrecoup, de ton corps bien trop marqué. Il est guéri, mais la part de ton âme qui s’est déchirée avec, elle, pas vraiment. Pas en plein. Il restait une fissure, une faille dans laquelle un fantôme pâle s’est immiscé. Elle a tout déchiré, tout exposé. Tu entends au loin la voix de tes psys qui te parlent de tes addictions, cherchent à comprendre. Ils ont trouvé le problème, c’est certain, mais ils ne l’ont pas résolu. Ils t’ont juste privé de ce qui empêchait de faire sortir ce monstre, ils t’ont laissé sans défenses face à toi-même, nu.

Tu cours. Les arbres sont flous, le chemin aussi.

Tes parents. Finalement la source du problème n’est pas bien difficile à trouver. Après tout, vous êtes deux à être cassés, une envahie par les ombres et les morts, l’autre rongé par une noirceur dont il ne veut pas. Tu t’en veux de rejeter la faute sur eux, ils n’y sont pour rien, ils ne pouvaient pas savoir. Ils ne pouvaient pas savoir que les disputes, les mots, les gestes parfois, tu les voyais. Pas ta sœur, après tout ta famille n’était qu’un poids pour elle, une boule d’amour dans laquelle elle ne voulait pas se lover. Ce qu’elle ne voyait pas, c’est que tu étais à l’origine de cette boule d’amour.

Des larmes commencent à couler sur tes joues, balayées par le vent et la vitesse.

A la moindre parole négative, la moindre pensée, tu activais ton pouvoir. Les premières fois étaient difficiles, douloureuses. Puis c’est devenu une habitude, c’est comme donner sa dose à un camé. Il s’habitue, tu t’habitue, tout ne devient plus que rituel. Tu entendais leurs peurs, leurs tracas, et tu les rassurais, les apaisait. Tu tenais à toi tout seul l’équilibre précaire des Steinsson, un équilibre aussi factice que ton assurance. Rien de tout ça n’était réel, et quand ça a explosé tu étais seul. Bien trop seul face aux dégâts. Face à ce que tu avais fait.

Tu bifurques, t’enfonces dans les bois, les branches te griffent mais tu n’y fais pas attention.

Muse. Tout est de sa faute. Vraiment ? Non. Non non non. Tout est de la tienne, elle s’est juste chargée de faire remonter ce que tu gardais caché. Après tout, tu devrais presque la remercier. Elle a attrapé le souci à pleine mains, te l’a exposé en pleine figure, t’as forcé à assumer. A être toi-même. Et tu as envie de recommencer, couvrir ton corps de vos sangs, que sa peau ne soit plus que nuances de rouges, faire disparaitre sa pâleur sous la couleur de la violence. Tu as envie de t’arracher de nouveau la peau pour avoir ces pensées.

Qu’es-tu devenu ?

Tu glisses soudainement dans la boue et tombe le nez dans un parterre de feuilles. L’eau sale, la terre et le sol en contact avec tes plaies t’arrachent un cri de douleur. Tu es frustré, sale, triste, mal.

Mal.

Tu commences à pleurer doucement, sentant la rage monter. Tes ébats n’ont fait que la faire grandir, grossir, elle n’a fait que prendre plus de place au lieu de se résorber. Tu la sens faire vibrer ton corps, bouillir ton sang dans tes veines. Tu ne retiens pas plus longtemps le hurlement qui monte le long de ta gorge, un cri de souffrance et de rage mêlés, brutaux. Tu cries à en perdre ta voix, à t’en casser les cordes vocales. Ça ne t’aide pas. Tu te mets à frapper le sol comme si tu n’étais pas assez abîmé, tout en pleurant. Tu vois flou. Mais tu vois quand-même une silhouette accroupie en face de toi, non loin dans la forêt.

Tu te lèves en rugissant et cours dans sa direction. Tu ne sais pas ce que tu vas lui faire, peur sûrement, mais pas mal. Tu es juste désespéré et tu ne veux pas qu’on te voit dans cet état, tu veux que la personne parte. Sauf que tu trébuches de nouveau. Tu es retenu avant d’atterrir au sol. Tu hoquettes et t’arrêtes de pleurer sous la surprise. Ce sont les plantes alentours qui t’ont préservées de ta chute. Tu ne connais qu’une seule personne capable de faire ça.

Tu relèves enfin la tête pour voir Phil, toujours accroupi et silencieux, non loin de toi. Il est un peu sale, couvert de terre comme à son habitude. Il te regarde avec des yeux brillants, doux mais inquiets. Il ne semble pas vouloir parler, juste t’empêcher de tomber une nouvelle fois. Tu te relèves lentement. Reste immobile à le fixer. Puis tu t’approches doucement de lui. Il te regarde faire sans entamer le moindre mouvement, te laisse venir. Tu ne dis rien, soupire. Il ne fait aucun geste pour te prendre dans ses bras et tu lui en es reconnaissant, tu n’aurais pas voulu. Il enlève sa veste pour la passer doucement autour de tes épaules. Elle est trop grande mais très confortable. Tu t’enveloppes dedans, séchant tes larmes. Tu es vide et fatigué. Il commence doucement à avancer en te lançant un regard pour t’inciter à le suivre. Tu ne résistes pas et l’accompagne. Tu ne pourrais pas rentrer seul de toute façon, tu es perdu. Il ne prononce aucun mot et le silence est le bienvenu. Tu le suis jusqu’à l’école, mué dans un silence de mort.
 



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