Evidemment, elle s’est mise à l’autre bout de la salle. Je ne sais pas vraiment ce qui domine entre le soulagement et la frustration, ma curiosité m’amenant à me demander quelles informations elle pourrait avoir mais si cela n’est pas mieux qu’elle les garde pour elle. Je finis par regarder ma feuille, relis quatre fois la même phrase, mais rien n’y fait, je n’arrive pas à me concentrer.

Je me place de façon à la voir et j’en profites pour la dévisager. Elle a grandi, évidemment, mais il y a des choses qui restent inchangées et qui la rendent encore tout à fait reconnaissable. Ses cheveux notamment, et ses yeux, que je n’ai croisé que furtivement. Je ne la lâche pas des yeux, tentant d’avoir de nouveau un contact visuel. Tant pis pour l’ignorance, je ne pourrai pas rester indéfiniment dans cette école sans lui parler en sachant qu’elle est là.

D’ailleurs, maintenant que je me suis un peu remis de ma surprise, je commence enfin à me poser les bonnes questions : pourquoi elle est là, depuis combien de temps, ses parents savaient, mes parents savent, quel est son pouvoir… Beaucoup trop de questions en fait. Et qui ne pourront pas rester sans réponses.

Ok Filandrys, on se concentre. Premier objectif, aborder la cible. Deuxième objectif, ne pas lui faire peur, ni la faire fuir (étape plus difficile au vu de tes expériences récentes avec le genre féminin). Troisième objectif, on la bombarde de questions… Non ok on l’invite à boire un verre et après on… lui pose gentiment des questions.

Je mets au point mon plan, prévoyant de l’attraper à la sortie, toujours en douceur évidemment mais en évitant de me sauver, cette fois-ci. Salut salut, c’est moi, comment ça va depuis le temps, on boit un verre ? Non c’est nul. Salut, on parle ? Pas génial non plus. Salut, je pense qu’on a beaucoup de choses à se dire, on va boire un verre ? Ouai c’est pas mal ça. Je détourne le regard pour le porter de nouveau sur ma feuille, attendant avec impatience la fin du cours.

Sans savoir si je désirais vraiment les réponses qu’elle pourrait m’apporter.

Lorsque la fin du cours sonne, je vois Astrid me fixe et s’approcher de moi. Finalement elle a l’air de vouloir me parler, je n’aurais pas à la convaincre. Mon regard glisse sur sa canne malgré moi, cela m’intrigue. Mais je vais éviter de commencer par les questions qui fâchent. Sa question me prend un peu de court.

« Heu ouai ouai enfin si par venir d’arriver tu veux dire moins de deux semaines je suppose que oui… Et toi ? » Je me racle la gorge d’un air très gêné, passant une main sur ma nuque. Avec elle, je n’ai pas besoin d’essayer d’être quelqu’un d’autre, elle me connait trop bien pour ça. Je ne sais pas si elle est aussi gênée que moi, ou même si elle perçoit mon malaise.

« Bientôt quatre ans. » Elle se tourne vers la surveillante. « On bouge ? » Je repense à mon plan. Il faut absolument qu’on aille à la serre, je ne tiens pas à me faire remarquer dès le début dans l’école en y mettant un merdier monstre. « Oui je veux bien, je pense qu’il vaut mieux qu’on soit tranquille pour parler… » Je passe encore une fois ma main sur ma nuque. « Est-ce qu’on peut aller dans la serre ? Tu risques de comprendre assez vite… ».

Elle acquiesce rapidement et me suit. Un long silence s’installe, mais pas le genre de silence que l’on peut retrouver entre deux amis qui n’ont pas besoin de se parler pour se comprendre. Pas un silence de plaisir des retrouvailles après des années sans se voir. Ce silence-là est lourd, pesant, empli de choses qu’on n’ose pas se dire. Je la regarde marcher péniblement à côté de moi et je me sens presque bête de ne pas lui avoir proposé de l’aide avant. « C’est sûrement maladroit mais heu… est-ce que tu as besoin d’aide ? » Je désigne son sac pour éviter qu’il y ait méprise. Elle me jette un regard tellement noir que je fais un pas en arrière. « C’est bon merci… Je suis plus une petite fille ». Je la regarde d’un air doux « Je sais, j’ai vu. Tu veux en parler, de comment tu t’es retrouvée là, ou c’est encore un peu sensible ? » Je me dis qu’au bout de quatre ans, l’eau a pu couler sous les ponts et je ne prends peut-être pas trop de risque à demander.

« Là à Leoska om là avec des jambes en carton ? Parce que de ce que j’en sait, c’est toi qui a disparu du jour au lendemain dans un internat et qui réapparait dans un école de mage. » Je commence à ouvrir la bouche pour répondre à sa question initiale quand la suite de sa phrase fait son chemin jusqu’à mon esprit. Un internat ? Je ne me rends même pas compte que ces derniers mots sont sortis à voix haute. Alors c’est ça qu’ils ont donné comme excuse aux voisins ?? Un internat ?? A aucun moment ils n’ont montré une quelconque volonté de me chercher et en plus ils ont couvert tout ce qui s’était passé à leur avantage ?!
Je sens une colère sourde monter en moi, une colère noire que je connais si bien. C’est celle que j’entretiens depuis des années, que je nourris patiemment, qui me ronge autant qu’elle me fait vivre. Et évidemment avec cette colère vient toujours mon pouvoir, fort et incontrôlable. Je me reprends alors que je vois un bout de lierre qui commence à sortir de terre.  

Je ne réponds pas. En effet, il vaut mieux attendre que l’on soit arrivés à la serre. Je me contiens donc pendant la fin du trajet, sentant qu’à chaque pas que je fais le bois se déforme légèrement autour de moi. L’explosion est imminente, je le sais, mais il faut que je la contienne au maximum, pour plusieurs raisons. Raison pratique : ce n’est pas une bonne idée de foutre le bordel dans l’école aussi vite. Raison de sécurité : il a du monde autour de nous et je ne voudrais pas que quelqu’un se retrouve dans une posture délicate par ma faute.

Raison tout court : je ne veux pas effrayer Astrid davantage. Je me rends compte qu’elle a changé bien plus que je ne le pensais, et je pense que j’ai beaucoup évolué depuis. Il se peut même que nous soyons redevenus de presque inconnus et je ne veux pas la perdre aussi vite que je l’ai retrouvé. Je veux savoir ce qu’il s’est passé pour elle, et je veux retrouver notre complicité d’avant, ou du moins essayer. Mais là pour le moment, on est parti sur moi. A mon grand regret.

Je vois enfin la serre se dessiner devant nous avec un soulagement. J’essaie de trouver un coin isolé, histoire de ne pas déranger quelqu’un, surtout qu’on ne soit pas surpris en fait. Je ne suis pas prêt à avoir cette conversation avec quelqu’un d’autre qu’Astrid. Je prends une inspiration, tente de détendre ma mâchoire pour articuler un semblant de réponse.

« Je suis parti après l’apparition de mes pouvoirs. Mais pas en internat. J’ai… fuit de ce qu’on pourrait appeler un danger de mort. » Les souvenirs remontent, l’image de mes frères s’impose à moi. Je sens les buissons derrière moi bouger, commencer à flétrir et à faner. Je n’ai pas besoin de me retourner, abandonnant tout contrôle sur mes pouvoirs.

J’entends à peine Astrid me répondre. Elle exprime un simple « désolé », réponse simple et efficace. Elle doit tout simplement ne pas savoir que dire. J’aurais été pareil à sa place. J’aurais aimé être en mesure de la rassurer, de lui dire que c’est pas grave, que je suis passé à autre chose, qu’elle n’a pas besoin de s’excuser pour ma famille. Sauf que rien ne sort. Rien de ce que voulait dire ne sort. Parce que je sais que si je desserre la mâchoire, ça sera seulement pour laisser sortir un cri de rage et que je ne veux pas le faire. Pas encore. La dernière fois que c’est arrivé ça a trop mal finit. Je me laisse tomber à genoux, me mets en boule, la tête dans les mains. Je tente de me contenir, de me calmer.

Je sens la colère se répandre en moi, vague par vague, progressive et sinueuse. Mais bientôt se mêle à cela une souffrance aigue, poignante. Et sans le vouloir, je craque. Je laisse mon pouvoir filer, s’échappant de moi au même rythme que les vagues de colère. Je sens l’herbe flétrir, noircir, les feuilles tomber des arbres alentours, ruinant toute vie. Mais je ne m’en rends pas compte, à vrai dire je m’en fou. Astrid a remué malgré elle des souvenirs que je ne voulais pas voir ressortir.

La question d’Astrid parvient jusqu’à mes oreilles, comme un trait de lumière au milieu du chaos, du néant. Je ne suis pas là-bas, je ne suis pas avec eux et eux n’ont pas envie d’être avec moi. Elle a raison, je viens d’arriver dans un nouvel endroit. Je me suis enfui. La cause de ma souffrance n’est plus là. Je me redresse, le visage strié de larmes. Je n’ai rien pour faire pour les empêcher de couler. Et en même temps que ces pleurs salvateurs, je sens les plante que j’ai fait mourir il y a cinq minutes commencer à repousser, à se régénérer. C’est le bordel total, je n’ai plus aucun contrôle sur rien.

J’arrive envie à desserrer un peu la mâchoire, juste à peine pour articuler un semblant de réponse. « Partout. Je suis allé de partout. Je n’ai pas envie de développer. » C’est vrai, je n’en ai pas envie. C’est encore trop frais. Je suis bien ici maintenant, il faut que je me reconstruise, que je reconstruise ma vie. Après ça seulement, peut-être que j’arriverai à parler. Je sens mon corps tout tremblant, encore secoué par les spasmes des sanglots. Il faut que j’empêche Astrid de me poser d’autres questions. Je ne sais même pas si j’ai encore envie de parler avec elle. Je prends une grande inspiration. Les pleurs ont un peu chassé la colère et tranquillement mon pouvoir se tarit. Après tout, on a fouillé dans mon passé, rien ne me retient de m’intéresser au sien.

« Bon sinon, à part tenter de détourner le sujet, sérieusement tu m’expliques ? » je pointe sa canne du menton. « C’est lié à ta présence ici ? »

Astrid me répond de manière très vague concernant son accident. Un accident de la route. Je m’attendais à tout autre chose en la retrouvant ici, pas quelque chose d’aussi banal qu’un accident de la route. Mais elle ne détaille pas, évidemment. Je me retiens d’encore insister, me disant que cela ne vaut peut-être pas le coup de la mettre dans une position plus délicate qu’elle ne l’est déjà.

A sa demande je lui tends ma main. Je n’hésite pas une seule seconde, sachant très bien qu’elle ne me ferait jamais de mal. S’il y a encore une chose à son sujet dont je suis sûr, c’est ça. Il est vrai que tout le reste a changé, chacun a eu son cours de vie. Je pense qu’il va nous falloir du temps, peut-être pour redevenir amis comme avant qui sait. Mais ce n’est pas le sujet actuel.

Je la vois poser une feuille dans ma main, c’est à ce moment que je me rends compte des dégâts provoqués. Je suis un peu consterné devant un tel lâché prise, je n’en ai pas l’habitude et en même temps je suis fasciné par ce que je viens de produire. Je n’avais jamais poussé mes pouvoirs aussi loin et c’en est presque libérateur. Presque. Je me reconcentre sur ma main quand je sens la feuille devenir lourde. Bien plus lourde que ce qu’elle devrait être, le poids d’un cailloux je dirais.

Je lève des yeux étonnés vers Astrid. « Comment tu t’en es rendu compte ? Et le contrecoup de tout ça ? Et tu peux rendre des trucs plus légers aussi ? ». Je m’arrête là. J’ai encore mille questions à lui poser mais je me retiens, ne voulant pas qu’elle se referme aussi vite qu’elle s’est ouverte. Il s’agirait d’être prudent. Je réfléchis à l’ampleur que pourrait prendre ce pouvoir et tout ce que ça pourrait impliquer de sympa.  

Un sourire se forme sur son visage. Enfin. Ça fait plaisir à voir, ça me fait plaisir de retrouver ce merveilleux visage que je lui connaissais, rayonnant. La tension initiale est redescendu et cette accalmie fait du bien. J’écoute attentivement ses explications. Son pouvoir à l’air épuisant, très intéressant mais épuisant.

Je souris en imaginant Astrid soulever une table seule à mains nues. L’image à quelque chose de très comique. Mon sourire s’élargit davantage quand je l’imagine à présent ne pas réussir à soulever une plume. Non pas que je me moque d’elle mais ces images ont vraiment quelque chose de comique. Evidemment ce sourire disparait à la mention des douleurs et je la regarde d’un air inquiet.

« Excuse-moi pour cet immense sourire mais je n’ai pas pu m’empêcher de te visualiser en train de galérer à soulever une plume. Mais je suis désolé pour la douleur que ça te provoque. Je suppose que tu essaies de ne pas trop l’utiliser ducoup ? »

Elle pointe les buissons dans mon dos en m’expliquant que le contrôle des pouvoirs n’est pas toujours simple. Je me retourne, prenant conscience de la réelle ampleur de ma perte de contrôle. J’observe les buissons feuillus soudainement apparus et les pans d’herbe mortes, les jeunes pousses se mêlant aux feuilles mortes sur le sol. D’aussi loin que je m’en souvienne, c’est la deuxième fois que je perds le contrôle de mon pouvoir mais la première fois sous cette forme. C’est à la fois beau et terrible. Je déteste faire mourir les plantes.

« Oui ça va mieux, je suis désolé de ma réaction. La vie familiale à été compliqué, mon départ aussi et je ne pensais pas qu’ils auraient poussé jusqu’à proférer des mensonges pareils. Mais ça n’aurait pas dû m’étonner autant. Et toi, tu as des nouvelles de ta famille ? ».  

Je ne m’en veux pas tant que ça d’avoir poussé Astrid dans ses retranchements. Elle semble porter un poids sur le cœur qui n’est pas dû à son pouvoir. Elle a changée certes mais mon empathie est toujours intacte et je sais reconnaitre quelqu’un de triste. Sa dernière phrase semble entrouvrir une faille minuscule, presque invisible mais présente quand-même. Je connaissais la Astrid d’avant, je connaissais sa famille et je sais qu’ils ne l’auraient jamais mise dehors. Sa phrase me laisse penser que j’ai vu juste en pensant qu’elle aussi a cherché un moyen de fuir de chez elle mais pas du tout pour les mêmes raisons.

Elle ne me regarde pas. Je perçois de la tristesse mais pas seulement, je crois que c’est ça qui me perturbe le plus. J’ai envie de l’aider à se libérer comme je l’ai fait, surtout si elle n’en à jamais parlé à personne. Je me rapproche un peu d’un air hésitant, sachant que le contact physique n’est peut-être pas quelque chose qu’elle apprécierait. Mais je lui pose tout de même une main sur l’épaule. Ce n’est pas grand-chose mais elle peut ainsi sentir ma présence. Je décide de ne pas la regarder non plus, pour ne pas la gêner.

« C’est donc un sacrifice. Tu sais, quoique soient les raisons pour lesquelles tu as pris cette décision, je suis sûr que c’étaient de bonnes raisons. Tu n’aurais jamais fais quelque chose qui te blesse autant si ce n’était pas pour une bonne cause et peut-être que tu ne t’en rends pas encore compte. »

Je fais une pause. Je le pense vraiment. Astrid n’est pas le genre de personne à s’infliger autant de peine pour sur un coup de tête, sans avoir réfléchi, analysé la situation. Je prends un air grave.

« Je sais qu’on est redevenu de presque inconnus avec le temps qui est passé, mais tu n’es pas obligée de porter ce poids toute seule. Je me doute que ce n’est pas facile d’en parler, mais sache que je pourrais peut-être te délester de ce poids qui te pèse. Au moins une partie. ».

Je sens Astrid commencer à bouillir à côté de moi. J’ai visiblement visé totalement à côté de la cible, ou mis les deux pieds dans le plat, je suis totalement à côté de la plaque, bref, l’idée c’est que j’ai merdé. Encore. C’est fou comme des fois je peux être un vrai con. Sauf que le problème c’est que je crois qu’Astrid commence à péter un câble aussi et d’un coup je me sens alourdi. Très très alourdi. Et purée c’est carrément pas agréable.

Elle me hurle de ne pas parler des choses dont je ne suis pas au courant. Désolé j’ai voulu être un bon ami, j’ai merdé mais ça vaut pas la peine de m’envoyer bouler comme ça. La pression augmente encore. J’ai vraiment peur des conséquences là tout de suite. Il faut qu’elle s’arrête.

Elle pousse un cri et d’un coup tout le poids disparait. Elle trébuche mais cette fois-ci je ne me précipite pas pour l’aider. J’essaie de la soutenir du mieux que je peux, elle ne veut pas dire le moindre mot et je suis trop fatigué de tout ce qui s’est passé avant. Fatigué des souvenirs qui sont remontés, fatigué de l’utilisation de mon pouvoir. Fatigué de me battre pour essayer de lui apporter une once de soutien qu’elle repousse. Je suis presque tenté d’obéir à son dernier ordre et de me barrer sans un mot.

Mais je sais pas, je pense que le peu de filtres que je me mettais ont définitivement disparus. Je me mets debout, me redresse, et prend un air plus froid que je ne l’aurais voulu. « Ecoute Astrid, on en a tous chier et je ne te dirais pas que tu as vécu pire ou moi jmen fou c’est pas un concours de celui qui a la plus grosse. J’essaie d’être sympa avec toi depuis tout à l’heure putain et tu me dis rien à part de me barrer. Comment tu veux que je sache, oui je parle de trucs que je sais pas parce que tu me dis rien. Et si t’avais pas envie de me parler t’avais qu’à faire comme si tu me reconnaissais pas tout à l’heure. Parce que tu prends des souvenirs dans la tronche bah moi aussi j’en ai pris figure toi et ça me fait pas plaisir non plus ! C’est pas agréable pour moi non plus. Et puis merde c’est bon ! »

Je tourne les talons ayant comme intention de me barrer d’ici et d’aller m’enfermer dans ma chambre pendant le temps qu’il faudrait pour oublier tout ça.

La voix d’Astrid fend l’air. Je me fige. Je ne me retourne pas de suite, attendant la suite. Je veux bien attendre, mais attendre quoi ? Oui, elle a raison, elle n’est pas parti quand j’étais mal. Je me mords la lèvre, commençant à culpabiliser.

Je me retourne quand elle parle de son pouvoir. C’est vrai que j’ai peut-être surréagit. J’aurais pu être plus patient. Mon cœur se brise en entend la suite de ses paroles, accompagnées de larmes. J’ai l’impression qu’Astrid vient de se libérer d’un poids immense, évacué par les mots et les larmes.

Je m’approche doucement, les yeux emplis de larmes moi aussi. La souffrance de la jeune fille est immense et me brise le cœur. Je sens à quel point cette épreuve l’a brisée, et à quel point cela la fait encore souffrir. Ils devaient sûrement lui manquer, et je suis peut-être le seul lien, même ténu, avec eux.

Je ne peux pas m’empêcher d’entourer doucement ses épaules de mon bras et de l’attirer contre moi. Je veux qu’elle sache que je suis là pour elle, que je suis là pour la soutenir, qu’elle n’est pas seule dans sa souffrance. Que je ne partirais pas. Je ne la lâche, lui faisant comprendre que je respecte sa tristesse et sa colère, que je serais là dès qu’elle aurait besoin de parler.

Je murmure doucement : « Je suis là, je ne pars pas. »