L’art de l’intégration de groupe a toujours été une discipline brillante de non-subtilité ; des activités chaotiques généralement salissantes, une ambiance bruyante directement reliée à des cris, des rires et des chansons paillardes à outrance, des bousculades… En bref, l’opposé de ce qui constitue l’existence de Brynjolf Néel dont la vie se rythme par des hobbies aussi mouvementés que le tricot, le visionnage intensif de film, la pâtisserie, le violoncelle ou le théâtre.(si l’on omet le fait qu’il élève seul Oris Akina, pratique considérée à haut risque requérant un certain nombre de précautions pour leurs survies mutuelles, comme l’alimentation régulière de la cible en pancake)

La nature chaotique du programme et son efficacité à provoquer l’intégration sont peut-être directement reliées à la création de circonstances de socialisation suffisamment extrême pour que tisser des liens devienne une question de survie. Ou au fait de faciliter les interactions à venir au cours de l’année dans des conditions étrangement plus favorables à l’échange qu’une course de sac. Ou peut-être que cette sorcellerie réside juste dans le gain d’anecdotes assez satisfaisantes pour alimenter les conversations sur plusieurs générations. Qui sait ?

Pourtant c’est avec un certain attendrissement que Brynjolf considère chaque année la semaine d’intégration proposée par les dernières années des mages verts. Le rouquin avait beau être timide, ça ne l’empêcher pas d’apprécier rencontrer de nouvelles personnes et l’émulsion créative de ces journées y été après tout propice. C’est par ce biais qu’il avait notamment fait la connaissance de Thomas qui s’était écrasée sur lui après avoir tenté de se planquer dans un arbre et d’Ambre qui avait poursuivi Thomas jusqu’au dit-arbre. De bon souvenir, sauf pour son dos.

Ce samedi après-midi, c’était de la compétition en duo. Ambre faisait partie cette année des organisateur.ices et Thomas avait décidé de se mettre en paire avec son crush pour tenter une « approche subtile pour un coup de foudre », ce dont le rouquin se permis de douter au vu de l’amusant jeu de mots avec la magie d’électricité du jeune homme.

Seulement, voilà. Brynjolf lui, était censé faire la paire avec saon amoureux.se de toujours, Saoirse. Saoirse qui est régulièrement assez occupé. Et qui a finalement une indisponibilité de dernière minute. Rien de grave, il comprenait tout à fait que saon partenaire ait des urgences plus importantes à gérer, mais il se retrouva bien bête parmi la foule, sans binôme. La première épreuve, un parcours d’obstacle à la Koh-Lanta, allait bientôt débuter, les recherches de camarade dans la lutte contre l’adversité n’avaient donc pas le luxe de tarder.

L’avantage, c’est que les duos déjà formés était simple a identifié. Les organisateur.ices n’était pas aller de main morte sur l’idée de travail d’équipe puisque toutes les paires (dans la mesure où iels étaient d’accord avec l’idée) étaient attachées avec un ruban à leurs duos pour ajouter en difficulté.

Le renard scruta la foule d’un air attentif, pendant que son chien, Merlin, se roulait à ses pieds d’un air beaucoup moins attentif. Le mage rit et lui gratta le ventre. Il l’avait pris avec lui pour le sortir un peu et Merlin était suffisamment discipliné pour qu’il n’ait pas d’inquiétude à le laisser faire sa petite vie autour des opérations. Bien au contraire, le doggo profiter pleinement de la situation pour récolter une quantité indécente de câlins de compliment auprès de tous les jeunes qui se pencher vers lui d’un air gaga.

Pendant que son chien jouer les stars, Brynjolf fini par trouver une autre personne sans ruban. Une mage qu’il n’avait jamais croisé, il en était certain, sa longue chevelure bleue l’aurait marqué ! Il resta quelques instants immobile, hésitant, triturant ses mains. Souffle. Allez Bryn tu peux le faire.

Ni une ni deux, il profita de l’impulsion pour se diriger vers la jeune fille et s’arrêta à proximité pour attirer son attention.

« Eh… Salut ! »

Hop, le rouquin glissa une main gênée dans sa nuque et braqua son regard sur le sol, passant son poids d’un pied à l’autre. Le mouvement engendré sur sa longue silhouette fine surmontée du bout de ses deux mètres par une tignasse frisée aurait presque pu évoquer le balancement d’une fétuque dans le vent.

« Je… En fait maon binome ne peut pas venir. »

Regret immédiat, il ne voulait pas la faire passer pour une solution de secours ce serait profondément impolie et très loin de son intention !

« Et… Enfin, je veux dire, j’ai vu que toi non plus tu n’avais pas de ruban et je voulais te proposer de faire équipe si ça te tente. Je m’appelle Brynjolf, et toi ? »

Un petit sourire timide naquit au coin de ses lèvres à l’idée de faire connaissance.

La dénommée Kira, nouvelle partenaire, débordait d’une certaine énergie, si ce n’est d’une énergie certaine. Ses sourires étaient communicatifs, son humour en revanche eut plus de difficulté à trouver son public ; comment ça « normalement » ? Un trait d’esprit qui provoqua un rire nerveux, le rire de « Haha bien sûr tu ne vas pas me manger, pourquoi j’aurais eu peur qu’on me mange, c’est amusant que tu dises ça parce que, haha, hahahaha. ».

Mais non, il n’était pas du genre stressé. Là aussi c’est un trait d’esprit, mais de lui-même à lui-même, la barrière du premier dégrée n'étais donc plus à franchir.

Merlin, toujours déterminé à casser la démarche se ramena vers les deux jeunes avec cette volonté sans faille de montrer à quel point c’est le plus beau. L’avantage d’avoir un chien qui attire l’attention, c’est qu’elle se détourne de vous, dirait Brynjolf. EHZUEFHDIEFCUTE semblait dire les autres élèves. Et il semblerait bien que Kira en fait partie vue comme elle se jette sur lui. Même pour Merlin qui passait la majorité de son temps à se faire câliner, c’était… presque trop. Trop proche de l’examen vétérinaire probablement. Brynjolf ris doucement et s’accroupit à côté du chien pour le rassurer alors que Kira checker ses dents. Le dogue mâchouilla le vide d'un air pataud, mécontent de s’être retrouvé avec une main dans la mâchoire.

« Aled » semblait dire ses yeux pendant que la mage verte le retenait en débitant un flot interminable de questions. « J’y travaille », répondaient ceux du rouquin tandis qu’il se faisait réquisitionner en tant que partenaire officiel, s’il en croyait les injonctions théâtrales de Kira.

« C’est un chien-rêve, donc… » il haussa les épaules d’un air gauche, ne sachant pas comment finir sa phrase « … Oui, c’est un animal magique. Il ne parle pas, mais il est très expressif alors c’est tout comme, haha. Ils sont particulièrement intelligents et nous comprennent très bien. Ah ! Et il ne crache pas de feu, ils sont liés à la magie blanche et la manipulent un peu. »

Le rouquin réfléchit, une main glissant d’un air pensif sur les quelques poils qui se battaient sur son menton. Pas moyen de se souvenir des autres questions, il y en avait trop pour sa mémoire.

« Ah et il s’appelle Merlin ! »

Ça en revanche, il s’en souvenait, pas de soucis.

« Merci d’avoir accepté d’être mon binôme, c’est gentil ! Cette journée va être sympa, je pense, ils ont vraiment prévu un sacré tas d'activités je sais pas si tu as vu le programme. J’ai juste… Hmm… Mais enfin il est ou… »

Le rouquin fouina frénétiquement ses poches jusqu’à en sortir un long ruban vert d’un air fier. Qui se décomposa rapidement. Mince. C’était embarrassant, pourquoi les organisateurs n’avaient pas pensé à la plaie sociale qu’était leur idée d’obstacle ? Les choses étaient très difficiles à formuler.

« Alors, heu, si besoin j’ai été récupérer un ruban auprès des organisateur.ices, comme… beaucoup de paires fondent ça pour le challenge. Après je suis pas heu… » Il passa une main sur sa nuque, décontenancer par... et bien, par la vie, de façon générale « Une personne très… Enfin, je ne suis pas particulièrement porter challenge et compétition en principe, mais ça ne me dérange pas d’essayer donc… »

Ne sachant pas trop quoi en faire et après moult hésitations et toujours aucune volonté d’initier le mouvement, le rouquin mit le ruban dans les mains de Kira.

« Tiens, je te laisse choisir ! Il va pas falloir qu’on tarde des masses par contre, ils sont pas vraiment du genre à patienter quand il s’agit d’un départ de course. »

Après, il y avait le risque que le ruban se retrouve sur une des pattes de Merlin et pas celle du renard. Est-ce que ça le dérangerait ? Non. Être spectateur était probablement bien plus confortable et il était définitivement plus doué pour encourager que pour la course d’obstacle. Pour autant après cette entrevue explosive avec leur nouvelle partenaire, Merlin avait l’air du même avis, mais pour lui-même.

D’aussi loin qu’il s’en souvienne, Brynjolf s'était toujours interrogé : Mais quel type de sorcellerie animait les extraverties ? Qu’il s’agisse de magie rouge, verte, anthracite, feu tricolore, ou d'une magie de verbe plus que de couleurs, il avait cette fascination curieuse envers les personnes capables d’aller parler à n’importe qui n’importe quand, comme si c’était naturelle de pouvoir raconter leurs vies sans sommations. Comme lorsque Kira essaya de partir avec son chien par exemple. Avant de tomber. C’était… lunaire pour lui.

Pour autant, plutôt attachant. Lorsque Kira tira sa plus belle révérence devant le dogue, accompagné d'excuses si ostentatoires qu’il n’aurait pas été étonné de la voir prêter serment d’allégeance à Merlin dans les secondes qui suivent, il rit. Un rire sincère et plein de joie. Après tout, la jeune fille était amusante et sympa, cette après-midi ne serait peut-être pas si difficile. Peut-être même qu’avec quelques heures de plus, il aurait répondu en créant une voix rigolote au nom de Merlin, une bonne blague qu’il adorait faire aux animaux, mais qui avait la fâcheuse tendance à faire râler son chien. Mais c’était encore un peu trop tôt.

Du rire, Brynjolf passa à un sourire attendri lorsque Kira s’excusa. Bien sûr qu’elle avait l’air d’être animée par le grand esprit du TDAH. Et c’est le meilleur ami de Oris Akina qui le dit.
Mais pas le temps de parler neuroatypie, qu’il se fait tirer par le bras et entraîner vers le départ d’une des compétitions. La cavalerie humaine.

Non. Non, non, non.

C’était probablement un cauchemar. À défaut de cavalerie, lui, envisageait davantage de partir en cavale. Mais c’était trop tard, bien trop tard. Les règles étaient expliquées et — MMPF.

Un homme à terre, je répète, un homme à terre. Brynjolf bascula comme une barre de métronome sans demi-tour, le dos en compote et le nez dans les pissenlits. Oui voilà c’était un peu comme ça qu’il se sentait, de la compote de pissenlit. Probablement amer, en bouillis, d’une couleur aussi séduisante que le jaune verdâtre qui tachait sa peau, mais en substance toujours en un seul morceau. Résigné, il cracha deux trois brins d’herbe et se releva avec la souplesse d'une raquette de tennis, avant de s’étirer en arc, les mains au creux des reins et le torse bombé.

« Tu es… sursursur de ton choix ? »

La participation de Brynjolf à de nombreux travaux physiques de jardinage et de bricolage avait contribué à l’aider à gagner un peu en solidité, mais il n'étais pas très fort pour autant. Kira n’était pas très lourde — enfin, supposition de sa part en imaginant son poids sans élan—, mais de là à courir avec elle sur le dos pendant autant de temps… il n’était pas certain.

Mais ce qui serait pire que se détruire l’échine pendant 10 minutes serait de faire l’effort social de se désister de ladite course dans laquelle il avait déjà presque un pied.  Il jeta un coup d’œil aux alentours. C’était toujours moins pire que la course en sac animé ou les ballons surprises. Ces derniers étaient enchantés par des élèves et avaient la fâcheuse tendance à vous éclater à la figure avec un contenu inconnu si vous cédiez de rire à l’une de leurs blagues.

Bon. La gloire appelle la gloire ? Ou la gloire amène la poire ? Plus rien n’était sûr. Il soupira.

« Laisse. On part là-dessus. »

Il s’approcha de la table d’appoint.

« Tu peux nous inscrire tous les deux s’il te plaît ? Merci ! »

Après un claquement de langue approbateur, l’élève de dernière année inscrit leurs noms avant de passer à la suite. Quant au rouquin, il se tourna vers Kira, lui fit signe de le suivre d’un mouvement de tête, et sourit.

« Alors, quelle est la stratégie capichef ? »

Court, clair, pas précis pour un sou, les plans de Kira avaient tout ce qui fait le charme de ces organisations équipe foireuses qui amène généralement… au chaos. À rien d’autre qu’au chaos. Bryn n'avait rien contre l’idée, il avait plutôt tendance à regarder les autres faire n’importe quoi d’un œil curieux. Rares étaient les occasions de faire partie du bazar en question alors... pourquoi pas essayer !

Le renard décida de prendre l’affaire très au sérieux et d’embrasser totalement son rôle de lieutenant serious business ; c’était plus simple pour se sociabiliser avec légèreté, que de se limiter à soit même.

À fond le Bryn. Avec le garde à vous et tout. Mais aussi un petit sourire face a la prestation de air karaté. Difficile de rester impassible face à tant d’énergie, il n’est pas si bon acteur hors d’une scène de théâtre.

« Ok chef. Je suis pour la prudence, les autres équipes ont l’air d’avoir des gros bras ce que, avec tout le respect que je vous dois cheffe, nous n’avons pas l’air d’avoir en tant que plus grande qualité. Mais on a le cerveau ! C’est une chouette stratégie d’attendre que les autres aient regroupé les rubans pour frapper fort quand on s’y mettra ! D’un parce que tu-vous serez haut perché, et de deux parce que je n’ai vraiment pas d’endurance, cheffe. Tiens d’ailleurs… Attends je reviens. »

Au pas de trot, ou en trop de pas, Brynjolf retourna vers l’équipe d’organisateur pour s’assurer d’une chose ; en cas d’épuisement d’un des coéquipiers, est-ce qu’il y avait possibilité d’échange ?
Question qui amena à un rappel général durant lequel Brynjolf s’éclipsa en espérant ne pas être repéré comme étant la source de ce rappel de règle.

« POUR LES CHANGEMENTS DE CAVALIER SI UN DES DEUX EST CLAQUE, C’EST POSSIBLE, MAIS UNE SEULE FOIS DANS LA PARTIE ! VOUS NE DEVEZ PAS PRENDRE PLUS DE 10 SECONDES, J’VEUX PAS VOIR DES DUOS QUI COURSE LES AUTRES LES 4 SANDALES À TERRE C’EST CLAIR ? ET SI VOUS VOUS FAITES CHOPER PENDANT UN ÉCHANGE, C’EST POUR VOTRE POMME. 5 MINUTES. »

Au moins il avait sa réponse non ? Il en profita pour finir de lire les panneaux… Ah. C’était une partie à magie autorisée. Visiblement ils alternaient à une sur 4 ou c'était le cas et il avait fallu que ça tombe sur la leur : quel chanceux ! Heureusement de petits rubans étaient à disposition pour prévenir des limites de chacum. Brynjolf en prit un par sécurité. Bon… Après tout, c’était l’occasion d’être dans un contexte où la magie n’était censée être ni effrayante ni scolaire, seulement amusante. Ça devrait le faire.
Le rouquin revint en trottinant.

« Ahah, pardon j’ai été demander pour les changements parce que… je suis pas hyper solide de constitution, donc si jamais je fatigue trop… Faut voir si tu te sens de me porter haha, je comprendrais que ce ne soit pas possible, mais je préfère prévenir ! J’espère que ce n'étais pas trop malvenue de demander. »

Ce n’est que tout récemment que la condition physique du rouquin avait commencé à s’améliorer, il n’en restait pas moins… maigres. Et un peu cassé de partout. Il connaissait bien ses limites sur les efforts physiques alors autant être claire dès le début. Il espérait que Kira comprendrais.

« Ah ! Aussi dernier point, cheffe, j’ai vérifié et la magie est autorisée pour cette partie ! Seulement pour aider à attraper les rubans, ou se protégé, on ne s'en prend pas directement aux autres. Je ne sais pas ce qui en est de la vôtre, mais la mienne est inutilisable. » Il montra le ruban bleu à son poignet « Mais normalement on devrait pas nous envoyer d’eau dessus, mais pour le reste… Faudra bien attacher les rubans au cas où il y ait des mages d’air. Mais on peut se faire avoir par un peu tout. Raison de plus pour jouer la prudence ! »

Le rouquin commença à s’échauffer en parlant, cercle de bras, monté de genoux sur place… ça serait bête de se bousiller sur un jeu ! Façon cours d’aérobique, un bras en l'air, l'autre sur la taille, le corps penché de côté, le rouquin repris.

« On va se mettre en place ? »

Décidément, une fois un peu plus à l'aise, il était passé de soldat de bois à lieutenant pipelette.

Puisque Kira ne se sentait pas de le porter longtemps, il allait falloir qu’il économise de l’énergie tout du long pour réussir à supporter la charge sur toute l'épreuve. Avec leurs stratégies, c’était peut-être faisable. Peut-être. Puis après, fini le sport. Terminado. S’ils s'attelaient à d’autres défis se serait un concours de coloriage ou rien.

Le pouvoir de Kira était intéressant, mais un peu difficile à utiliser en l’état. Attirer des gens par leurs bracelets peut-être ? Ça ne se fait pas trop, mais…

Ou faire léviter une plaque de fer… ? Brynjolf n’était pas sûr de l’idée. D’un côté elle était très drôle. De l’autre… Comment avait-elle qualifié son contrôle déjà ? « Pas ouf » ? C’est un peu comme si Brynjolf proposait de prendre une planche de surf sur la rivière pour distancer leurs adversaires. C’est amusant sur le papier, mais dans les faits ils risquaient d’être leurs plus grosses menaces.

Chaque fois qu’il la regardait, le jeune mage avait l’impression d’avoir fait une fausse manipulation et d’avoir mis sa vie en vitesse x5. Que ce soit quand elle parle, s’échauffe, ou même le rythme auquel elle jette l’entièreté de son établi dans le bac (Une lame de scie à métaux ? Une boîte à meuh ? Le rouquin décida de faire comme s’il ne se posait pas de questions et de les reporter à plus tard).

L’épreuve commence. Et c’est la guerre. Brynjolf visualise en noirs et blanc sur des musiques tristes terribles affrontement du centre de la mêlée. Des bandeaux arrachés avec les dents au prix d’un futur torticolis pour la cavalerie. Des monuments de force qui chargent directement l’ennemie. Les corps des élèves qui s’amoncellent suite aux chocs des assauts.

Heureusement qu’ils étaient loin de tout ça. Paisible, au milieu du chaos. That would be a shame if someone  came to break this moment of serenity.
… N'est-ce pas ?

Venez bande de lavettes ? On va vous défoncer ?? Non, non et non, ils n’allaient pas faire ça, qu’est-ce qu’elle racontait !

Brynjolf adressa un regard purement horrifié à sa partenaire haut-perché. Et sa zone de confort ? Et leurs survies ? Tout ça, ça n’avait plus d’importance pour elle ? C'était sa façon d'abandonner et de l'entraîner dans sa chute ?

« Pourquoi Kira, P O U R Q U O I ? Et le plan dans tout ça ? Et- et- et- HAAAAAAA »

Il avait envie de pleurer des larmes, mais uniquement de sel pour éviter qu’elles ne se retournent contre lui. Il était foutu.

Brynjolf était, par sa simple existence, l’antonyme du mot « Féroce ». Terme dont les équipes qui les regardaient méchamment étaient, eux, de parfaits synonymes à tel point qu’elles s’écharpaient déjà entre-elles pour les atteindre. Le rouquin avait fait demi-tour à grandes enjambées ; s’il se faisait charger il finirait broyer plus finement que de la farine catégorie T45. C’est fou ce que l’adrénaline peut faire faire comme folie. Son corps le regretterait probablement après, mais pour l’instant il pouvait approximativement avancer.

Il aperçut un hydrokinésiste de sa promo foncer vers eux en hurlant, le reconnaitre, constater son air terrifié, et suggérer d'un mouvement de jambe la direction opposée à son porteur. Sans cesser de hurler. Ce gars était intense, mais Brynjolf lui été d’autant plus reconnaissant de cette volte-face. Surtout lorsqu'il l'aperçut jeter une flaque dans un rire maléfique, sur les équipes qui se crêpaient le chignon.
Mais tous n’eurent pas la même pas la même délicatesse. C’est le jeu ma pauv’ Lucette.

La grande gigue s’arrêta net. La terre sous ses pieds se mit à trembler un instant, avant qu’il ne se retrouve les grolles ensevelies jusqu’à la cheville la seconde d’après. La coupable était probablement la mage mastoc qui leur faisait face et qui venait de taper le sol du pied. La sensation d’avoir les chaussures pleines de terre et d'être immobilisé était hautement désagréable, mais il fallait admettre que sa maîtrise de son élément était d'une précision impeccable.

Sur ses épaules, beaucoup moins en muscle, mais à l'attitude bien plus sauvage, sa camarade avait l’air de vouloir en découdre. Les deux comparses commencèrent à s’avancer, la victoire déjà acquise dans leurs regards.

« Non, non, non. C’est fini. Kira qu’est-ce qu’on fait je veux pas mourir ici ??? J'ai un chien à nourrir ! »

Qui aurait cru qu’il devenait aussi dramatique dans ce genre de situation ? Finalement les exercices de mise en scène du club théâtre avait peut-être belle et bien déteint sur lui.

L’avantage d’avoir les pieds sous terre plus que sur terre, c’est que même si sa comparse se décidait à partir la tête dans les nuages, elle ne pouvait pas aller bien loin. Bryn s'accroupit presque pour utiliser le poids de son corps contre celui de l’attraction de Kira, ce n’est pas avec la force brute qu’il allait réussir à contrer.

Le rouquin avait fermé les yeux en voyant l’impact arrivé et… rien. Kira, toujours branché sur l'impératif, l'exhorta de prendre les bandeaux et de filer.

Bon. Ça ne l’enchanté pas, mais à situation d’urgence, mesure d’urgence. Le rouquin soupira et retira ses grolles pour pouvoir sortir rapidement de terre. Pied nu dans l’herbe, il courut vers leurs rivaux, piqua 4 bandeaux, mais ne se risqua pas à bien plus. Leurs adversaires reprennaient leurs esprits et certains avaient déjà essayé de lui attraper les chevilles ce qui avait valu quelque bond de cabri, chatouilleux comme il était.

« Jedetestejedetestejedetestejedeteste. »

Ses grandes foulées eurent cependant leur coût. Brynjolf sentait ses jambes flageoler à force de porter du poids. L’adrénaline retombant, il avait l’impression d’être une sorte de poulain tout juste né. Les adversaires devaient flairer cette faiblesse, quelques équipes étaient déjà à leurs fesses.

Le coup de sifflet retentit. Brynjolf, toujours aussi dramatique, mais dans le registre du soulagement cette fois, pris une profonde inspiration, et se tourna vers le clairon.

« J’ai jamais entendu un son aussi magnifique. Grand dieu, merci. »

C’est bon il avait fait sa sortie annuelle en dehors de sa zone de confort. On remballe tout. C’était cool. Mais pas plus par pitié pour son cardio.

Il posa Kira à terre et s’étira de toute sa longueur.

« Une minute de plus et je m’étaler par terre. »

Au comptage des bandeaux, agréable surprise ; ils étaient dans le milieu haut de panier. Pas les vainqueurs. Mais pas non plus dans les grands perdants. Les adversaires auxquels ils s’étaient confrontés les gratifièrent de quelques boutades, mais pour éviter de se trouver coincé dans le lancement de la prochaine manche, le rouquin s’éclipsa rapidement.

Étrangement plus directif quand il était question de se mettre à l’abri, il tira Kira à part par réflexe jusqu’à réaliser… Qu’ils étaient juste en équipe pour cette épreuve en fait. Pourquoi était-il en train de la trainer ?

« Ah. Heu. Pardon. J’avais pas réfléchi que tu voulais peut-être y retourner ou changer de binôme ? Ah heu, c’est pas que je veux changer de team hein. Ça m’a fait plaisir de faire équipe avec toi hein c’était trop cool ! Le moment où tu as utilisé ton pouvoir, waouh, sans ça je t’assure qu’on n’aura pas eu de bandeau, c’était stylé ! C’est juste que j’ai plus de bras donc je pensais me diriger vers quelque chose de plus tranquille, et que toi t’as l’air… Plutôt dynamite. Dynamique pardon. Les mots, haha. »

Lapsus révélateur, Kira lui semblait tellement explosive que ça lui avait échappé.

Ce qui lui as aussi échappé, c’est qu’il était toujours pieds nus ; il avait été si pressé de partir qu’il en avait oublié de déterrer ses chaussures. L’information quant à elle, n'avait pas l’air particulièrement impatiente de lui monter au cerveau.