Le bon air du printemps, y’a rien de plus agréable.

Allongé dans l’herbe fraîche, Brynjolf Néel profite des rayons de soleils chaleureux, couplés à cette douce brise d’avril, légère, venant par à-coup taquiner ses boucles rousses. Les brins verdâtres lui chatouillent agréablement l’épiderme, révélant l’émail de ses dents dans un sourire simple.

Les jardins de l’école sont silencieux pour une fois, beaucoup d’élèves étant encore en cours. Silencieux si l’on excepte Merlin, le chien-rêve du rouquin, qui roule dans la pelouse comme un fou, court de gauche en droite et d’est en ouest sans autre but précis que de s’amuser jusqu’à plus soif. Au bout d’un moment, lassé de courser les papillons, le chiot décide de pousser Brynjolf avec ses deux pattes avant. Échec. Coup de museau. Échec numéro 2. Le rouquin reste parfaitement immobile, n’entrant pas dans son jeu.

Léchouille sur le visage. Victoire, il explose de rire et chasse gentiment le doggo suite à cette tentative de le déloger. Joueur et satisfait que son maître ait finalement daigné cesser sa sieste pour lui accorder toute son attention, Merlin plaqua sa tête et ses deux antérieurs sur le sol, les fesses en l’air, pour signifier que s’il était une heure, ce n’était pas 14 h ni 14 h 02 pour les plus précis, mais l’HEURE D’ÊTRE FOUFOU.

Le nordique enfin debout, il tapa sur ses cuisses d’un air amusé.

« Eh bah Merlin ? Tu veux jouer ? Ouuuh tu veux jouer !? »

Le chien jappa pour exprimer son enthousiasme et le rouquin rit.

« Aller mon grand je vais chercher ta balle ! »

Les mains tournées vers le soleil, il s’étire sur ses 1m97 de hauteur au garrot (à la tête, faut pas exagérer) et part en quête de la sainte balle que Merlin avait cachée il-ne-sais-ou. C’est à croire que c’est le chien qui s’amuse à lui faire chercher plutôt que l’inverse. Un petit éclat brille dans l’herbe et il plisse les yeux et tend la main vers l’objet.

C’est… C’est pas la balle.

Voici sa première et seule certitude.

Après réflexion et examen approfondi, il reconnut une vieille console. Le jeune homme n’avait jamais eu l’occasion de jouer à ce type d’outil, mais pu lire « Game Boy Advance ». Ce qui était curieux en revanche c’est que les rares consoles qu’il avait vues étaient de couleur neutre. Ou avec de jolies illustrations. Mais avec des stickers fer a repassé… Ça, il n’avait jamais vu. Peut-être un pari perdu, un choix artistique, ou un moyen de loger un autocollant inédit obtenu lors de promotion de supermarché ? Mystère.

En tout cas on lui avait toujours dit que les consoles rétro étaient rares et précieuses, aussi, son propriétaire devait sans doute y tenir. Bien, il allait chercher ! Après tout, il ne devrait peut-être pas être bien loin.

Merlin impatient essaye de sauter pour croquer la machine, la prenant pour un jouet et Brynjolf la lève en l’air pour lui épargner la bave et les crocs de chien-rêve. Malgré la déception de ce dernier, il intime à son compagnon de le suivre dans sa nouvelle mission de l’après-midi.

Plus loin, en se baladant dans le parc, il repère une jeune fille. Cheveux noirs encadrant un visage pâle aux yeux tout aussi foncés. Allure sympathique. L’étudiant s’approcha d’elle malgré sa timidité.

« Heu… Excusez-moi, bonjour ! Désolé de vous déranger, heu, je m’appelle Brynjolf Néel, enchanté. »

Les politesses passées, il réalise un instant qu’il avait oublié ce pourquoi il l’avait abordé à cause du stresse des premières rencontres, puis sort maladroitement la Gameboy de sa veste.

« Heu, je venais pas juste pour me présenter, pardon. En fait, j’ai trouvé ça par terre tout à l’heure, et je cherche son propriétaire, c’est à vous ? »

Sur ce, il lui tend la console tandis que son chien renifle l’inconnue pour examiner cette nouvelle rencontre d’un air enthousiaste.

«  Ah euh non pas du tout ! »

Dommage, il aura essayé. Le rouquin se passe une main sur la nuque d’un air toujours aussi pensif.  Il s’est tellement concentré sur cette histoire de console qu’il a l’impression d’avoir raté plusieurs choses. Elle lui a parlé non ? Elle avait dit chercher… ses parents ?

Attendez.

Il n’avait pas tout suivi, mais les choses commencent à lui revenir.

« Est-ce que je peux le toucher ?»

Il sursaute, surpris une fois de plus en flagrant délit de réflexion. Concentration, il faut réussir à se remettre dans la conversation.

« Je… heu.. Oui bien sûr. »

Tu lui tends et remarque enfin les détails qui permettent d’affiner les connexions. Ses mains sont abîmées, ses vêtements et chaussures aussi. Elle est pleine de transpiration, équipée d’un sacré sac à dos et à la mine… fatiguée.

C’est inhabituel. A ce dégrée d'intensité en tout cas.

Le rouquin met ça en relation avec ce qu’il lui semble avoir entendu précédemment et… mince. Il a probablement embêté la mauvaise personne. Elle a l’air occupée. Au-delà de ça, elle a surtout l’air usée. Elle aurait pu rentrer de sport, mais le nordique est quasiment sûr que ce n’est pas le cas, les lycéens portent un uniforme pour le sport, enfin, il lui semble.

« Excuse-moi… Je vais éviter de t’embêter davantage avec cette histoire si elle n’est pas à toi-vous. Vous avez l’air… épuisé. C’est sans doute indiscret de ma part, et je m’en excuse d’avance, mais… tout va bien ? »

Par réflexe pour finir d’établir son cheminement de pensée, il lui fait un signe d’attendre de la main et constitue ses réflexions à voix haute.

« Tu… Tu as dit que tu chercher tes parents c’est ça ? Dans l’école ? »

L’étudiant la regarde d’un air un peu désemparé. Des éclaircissements lui sont nécessaires pour avoir toutes les clefs en main, et il espére sincèrement ne pas avoir importuné son interlocutrice.

« Ah euh oui c’est vrai, mais euh en fait… »

Elle a l'air... Dépassée par ses pensées. Et le rouquin ne peut que compatir à cette idée, lui-même perdu, mais pour des raisons bien différentes. L’avantage, c’est qu’il est plus que compréhensif sur ce genre de chose et que si elle a besoin d’aide ou de temps pour se réorganiser et mettre ses idées à plat, il pouvait les lui fournir. Le temps et l’aide. Pas les idées ! Ça, il ne pouvait pas être dans sa tête.

« Bon attends je vais recommencer depuis le début, tu permets ? »

Ah ! Eh bien pas besoin de lui proposer qu’elle est déjà repartie.

« Je m’appelle Aslynn Cowan, j’ai 17 ans, je viens de République d’Irlande, j’ai fui mon foyer natal quand j’étais au collège afin d’échapper à une rafle, et suis partie à la recherche de mes parents qui luttent pour libérer les mages, mais je ne les ai jamais retrouvés et récemment récemment, récemment… j’ai eu vent de l’existence de Leoska. »

Brynjolf ouvre la bouche un instant pour répondre, mais aucun son ne sort, ses cordes vocales broyées par l’angoisse l’enserrent vicieusement. Avoir des parents qui se battent pour la liberté des mages est admirable, et il voudrait lui montrer sa compassion pour la rafle qu’elle a dû fuir, mais… Il aimerait aussi lui crier de ne pas lui parler de ça, mais ce serait pire, bien pire de dire les choses. Même communiquer sur le fait qu’il ne souhaite rien entendre sur ces sujets est complexe. Insurmontable.


Rafle

Ne pas y penser. Ne pas y penser. Ne pas y penser. Tu es en sécurité.

Sont corps se tend, il essaie de calmer ses émotions pour ne pas qu’elles ne dérapent, d’ignorer le sentiment de stress intense qui persifle à ses oreilles, mais on ne cache pas aux chiens ce que l’on cache aux humains. Merlin le connaît, et sait comment faire pour endiguer la crise avant qu’elle ne gagne en ampleur. Alors il se colle à ses jambes sous le regard étonné du rouquin.

Les petits cristaux sur les cornes du canidé et les parties les plus colorées de son pelage se mettent à luire dans un aspect irréel, voilé, éthéré, mais discret.

Le doggo, inquiet, diffuse doucement une vague de magie blanche légère, paisible à son maître. Il se blottit contre lui. Infuse le calme, la sérénité. Les images s’étiolent, l’angoisse s’anesthésie peu à peu dans une quiétude presque léthargique.

Inspire. Expire.

Le rouquin murmure un merci reconnaissant et se baisse au niveau du chien pour le câliner, et Merlin lui répond par un coup de tête amical. En principe il essaie d’apprendre a son chien de ne pas faire ça ; la magie a toujours un contrecoup et s’inquiète pour lui. Mais pour une rare fois, il l’accepte pour éviter la crise. Surtout face à cette inconnue elle-même épuisée et probablement pas en mesure de gérer. Ce sera moins compliqué pour les trois.

Inspire. Expire.

Il essaie de se concentrer à nouveau sur les propos de son interlocutrice, plus calme que lorsqu’il l’avait accosté grâce à l’énergie transmise par Merlin. Il veille cependant à voir rapidement si les sujets qu’elle aborde lui sont accessibles et se relève.

« … Pas trop comment réagir quand un inconnu me demande si tout va bien. D’ailleurs je crois que tu es le premier à m’avoir demandé ça depuis… longtemps ! Merci beaucoup, tu es très attentionné ! »

Qu’est-ce qu’elle lui a dit ? Quelles sont les informations sur lesquelles il peut rebondir ? Il -… Il n’avait pas été en mesure d’être aussi attentif qu’il aurait dû. Réfléchir, réfléchir, creuser sa mémoire....

Aslynn remarque Merlin et lui tend la main. Le chien réagit positivement à son approche après l’avoir examiné consciencieusement à coup de flair. Elle avait donc son accord pour des caresses.

Son interlocutrice lève le regard vers le mage vert et il baisse le sien, trop peu à l’aise pour répliquer autrement que par la fuite. Les contacts visuels c’est... vraiment pas facile. Alors il préfère fixer le sol et la poussière que le vent promène sur la surface pavée.

Il prend le temps pour répondre. De regrouper les informations. De souffler.

« Je n’ai pas pu tout écouter, je… je suis désolé. »

Le mage à l’impression d’être un imposteur par rapport à l’image qu’il renvoie, la jeune fille l’ayant qualifié « d’attentionné », jusqu’à l’en remercier. Mais ce n’est pas le moment de penser ainsi. Il n’était tout simplement pas en mesure de lui fournir la concentration nécessaire sur le moment.

Maintenant… avec l’aide de Merlin... ça devrait aller.

« Tu parles super bien français c’est épatant si tu as vécu en République d’Irlande tout ce temps… Ah heu au fait, il s’appelle Merlin. C’est un chien-rêve. Ha, tu n’en as peut-être pas rencontré... c’est une espèce magique, ils sont très intelligents. Et ils manipulent la magie blanche. »

Si Brynjolf a souvent la fâcheuse habitude de divaguer, ce n’est pour une fois pas le cas. C’est un sujet important et il sait que Merlin est boudeur si on ne le présente pas. Et il se doute aussi que si Aslynn n’a pas été confronté régulièrement à des espèces magiques, le fait qu’il luise soudainement a dû l’étonner. Des explications étaient de mise. Préciser des informations sur les chiens-rêves l’aide à souffler un peu, et ses épaules se détendent dans un mouvement imperceptible.

Ça lui permet d’ailleurs de revenir à sa question initiale.

« Quand tu disais… Tu disais “récemment, récemment, récemment…” tu veux dire que tu es toute nouvelle ? Tu es arrivé il y a combien de temps ? »

Ça lui semble important de savoir. Pour mieux comprendre ses maladresses sur le fait d’aborder des sujets du type dans une école où beaucoup d’élèves y sont… très sensibles. Pour l'aider a faire ses marques si elle en a besoin. Mais aussi pour ne pas l’assaillir avec des thèmes comme les chiens-rêves.  Enfin, par-dessus tout, pour un pressentiment.

Ce qu’elle dit. Son attitude. Ses vêtements.

Elle ne serait pas… nouvelle quand même ? Enfin, vraiment nouvelle ?

Le gaélique... À l’oreille c’est si compliqué. Brynjolf a demandé tant de fois à Saoirse de lui apprendre, et est resté dans une incompréhension sourde à chacune d’entre elles. La prononciation est très éloignée de sa langue natale, ça ne rend pas les choses faciles. Mais si Aslynn a été confronté à toutes ces langues jeunes, ça rentrera plus aisément dans les automatismes, et ça c’est chouette pour elle. Elle a aussi eu de la chance que sa famille use beaucoup le français, ça simplifie sans doute son entrée en cursus ! Les élèves qui ne le parlent pas ont des cours intensifs pour rattraper ça, ça rend la première année… un peu chargée.

Le Nordique lui avait pu pratiquer un peu de français très jeune, mais pas énormément. Son français… il l’a surtout appris en camps lorsqu’il fut arrêté dans le pays. Il évite de trop y penser. Aujourd’hui il parle bien le français, et conserve avec fierté son accent.

« Ah et bien quelle heure est-il ? »

Ah heu, il ne s’attendait pas a cette réponse. D’un mouvement de poignet, il regarde sa vieille montre et vous avez remarqué comme c’est lent de lire l’heure sur les montres traditionnelles ? Oh, il ne passerait au digital pour rien au monde.

Mais il prend le temps.

« Il est… 14 : 17 ! 
— J’ai dû arriver il y a approximativement vingt minutes ! »

Clignement d’œil. Silence. Re-Clignement. Qu’est-ce que le quoi du comment ? Vingt minutes comme dans seulement vint minutes ou comme dans… Il n’y a pas de comparaison, elle a été parfaitement claire.
Et elle est seule.

Il y a un problème. Le rouquin n’est pas passé par la voix traditionnelle pour arriver à l’école, ils étaient tout un groupe rescapé d’un raid. Mais il a entendu des camarades parler de leurs venues et… il ne sait plus le nom de l’unité, sa mémoire n’est pas très bonne, mais il sait qu’une brigade en tout cas prend en charge les personnes qui sont recueillies dans les alentours.

« Je…. Tu… quoi ? Ce n’est pas… Je… Désolé de t’avoir embêté avec mes histoires je n’avais pas compris que tu venais d’arriver, mais… »

Il passe nerveusement sa main sur sa nuque pour essayer de reprendre contenance.

« Ce n’est pas normal. Tu devrais avoir été pris en charge ? Tu n’as pas croisé d’équipes de l’école ? C’est inquiétant, ils risquent d’avoir du mal à te localiser dans les parcs, on devrait… On devrait se diriger vers l’accueil si tu es d’accord ? Tu as faim ? Ça va le faire ? N’hésite pas si tu as des questions ou si je peux aider… »

D’un pas timide, le Norvégien commence à diriger la marche vers l’accueil, sincèrement préoccupé, presque anxieux. Bon sang ! Ses vêtements étaient en loque et elle avait l’air épuisée ! Comment avait-il pu ne rien voir ? La pauvre elle devait crouler sous la fatigue ! Il avait si honte d’être venu lui parler de Game boy Advance et de chien rêve alors que la jeune venait d’arriver dans une école de mage, après probablement des jours ou des semaines de marches… Elle devait être tellement perdue !

« Oui c’est vrai, tu as raison ! J’avais totalement oublié ce pour quoi j’étais venue. Excuse moi, je suis une vraie tête de linotte. Ce serait vraiment gentil mais je ne veux pas te déranger… Pas encore et je dois t’avouer que j’ai un peu faim. »

Elle a... oublié qu’elle vient d’atterrir dans l’école de mage qu' elle recherche depuis des semaines après avoir fugué et survécu au trajet ?

Que ?

Brynjolf reste un peu perplexe, en partie admiratif de la légèreté de la nouvelle, mais aussi inquiet devant son insouciance. Puis après réflexion… C’était peut-être jugeant de penser ainsi ? Ce n’est pas parce que lui passe le plus clair de son temps à trop penser que les autres doivent le faire. Au contraire, il ferait mieux de rester sur sa première opinion : sa légèreté est admirable et sans doute due à des qualités d’autant plus grandes. Un optimisme et un sens de la communication qui semblaient en tout point indécrottables, à titre d’exemple.

Il hocha la tête dans le vide, convaincu par son cheminement de réflexion avant de… s’arrêter. Elle avait dit quoi à la fin ? fin..fin… faim ! Mince ! Pendant qu’Aslynn continue les bavardages, Brynjolf fouine son sac maladroitement. Il s’était prévu un goûter quitte à rester dans la cour toute l’après-midi.

« Mais ne t’en fais pas, je peux tenir jusqu’à ce soir. J’ose espérer qu’ils m’offriront le premier repas ? D’ailleurs combien coûte une année à Leoska ? Et où peut-on trouver du travail dans le coin ? La bibliothèque n’est pas payante j’espère ?! Attends il y en a une au moins ?! Oh et est-ce qu’on peut participer aux missions de sauvetage que mène l’école ? Ah je vais peut-être faire une pause, ça doit te faire beaucoup de questions d’un coup. Désolée. »

Ça fait… beaucoup de questions. Brynjolf naturellement, n’as pas très bonne mémoire et est obligé d’user de méthode de mémorisation imagée pour avoir d’inscrit, dans un coin de son crâne, l’ensemble des interrogations en une scène.

Le grand réfectoire, mais à l'entrée payante, et avec des livres servis sur les plateaux et des gardes dans la file. Ça devrait faire l’affaire.

De son sac il sort un thermos peint à la main. Le rouquin avait fait l’aplat et tenté un soleil de taches, orange et jaune sous l’extrémité-bouchon-tasse. Son meilleur ami, Oris, lui, avait fait le paysage sur le reste de l’objet, s’inspirant du mouvement du pointillisme. Les colories pastel n’étaient pas sans rappeler La Plage de Saint-Clair, de Henri-Edmond Cross, mais retraçaient plutôt un panorama de falaises moussues et rocheuses, décoré de quelques plantes aux allures phosphorescentes. L’artiste n’aurait pas fait l’affront de mettre une immense étendue d’eau sur le thermos de son ami, connaissant ses craintes. Ah et bien sûr, il avait ajouté des paillettes. Plein de paillettes.

Il tend son précieux thermos à la jeune pour qu’elle puisse se désaltérer, puis une viennoiserie.

« Tiens… Désolé j’ai oublié ma bouteille d’eau je n’ai que le chocolat chaud. Et ça, c’est des croissants maison. Ils ont un peu brulés sur le dessus, mais j’espère que ça ne sera pas mauvais… »

Maintenant… L’image. Ça commence par le paiement à l'entrée… ah oui ! Expressif, le visage du jeune homme s’éclaire de cet exploit de mémorisation. Décidément cette méthode marche bien avec lui.

« Alors, tu n’as pas à débourser quoi que se soit. Il n’y a pas de frais pour les élèves à Leoska, plus qu’une école c’est avant tout un refuge alors… Tu n’as pas à te soucier de ça. Le logis, la nourriture, la bibliothèque, les clubs… Tout est accessible à tous, alors dès ce soir tu pourras voir le réfectoire. »

En fait, lui expliquer un peu plus que juste la cafétéria lui semble tout à coup important.

« À vrai dire… Si tu es sans soutien financier à l’heure actuelle, si j’ai bien compris, tu auras sans doute une bourse mensuelle pour tes achats personnels, ce n’est pas très élevé, mais ça permet de pouvoir faire quelques activités extérieures, où acheter des livres ou des vêtements, etc. Les uniformes, le matériel de bain, les draps, et tout l’essentiel “Trousse de salle de bain” est fournis. Et au maximum zéro déchet. »

Belle initiative écologique, mais surtout sécuritaire. Pour éviter la traçabilité du circuit de déchet en dehors de l’école.
Il y avait quoi d’autre ? Les livres dans l’assiette.

« La bibliothèque est vraiment immense, et la documentaliste qui y travaille est très à l’écoute. Il y a sans doute des tas d’œuvres que tu n’as peut-être pas eu l’occasion de lire à l’extérieur. Des fictions pro-mage, des livres théoriques sur la magie… Bref. Je me suis dit que… Savoir ce genre de choses pourrait t’intéresser. »

Et bien pour quelqu’un de timide, on ne l’arrête plus de parler. À vrai dire, s’il peut se montrer utile… le rouquin et heureux. Il espère donner au plus vite le maximum de clef en main à Aslynn pour que sa situation soit peut-être… un peu moins déconcertante ? Enfin ce qu’il en suppose. Parce que l’aplomb de la jeune, depuis tout à l’heure, traduit l’inverse. Le dernier sujet, lui… est plus compliqué à aborder. Le rouquin qui avait réussi à tout débiter avec une fluidité inhabituelle la perd peu à peu.

« Pour ta dernière question en revanche… C’est non. Il y a des équipes habilitées pour ça, des personnes former et entrainer depuis des années et qui risque quand même constamment leurs vies. C’est… trop dangereux pour que ce soit même envisageable un soutien de la part des élèves dans leur activité. On est là pour… apprendre. Et être en sécurité. »

Oui, en sécurité. Il se le répète, plusieurs fois, en boucle, souffle.

« Mais si tu tiens à donner un coup de main… Il y a peut-être des petites taches auquel tu dois pouvoir participer si tu as le temps… Dans le bénévolat à l’accueil, certaines périodes agricoles qui demandent de la main-d’œuvre… Mais il y a beaucoup à faire sans ça, et vraiment aucune obligation de prendre un boulot. »

Lui par exemple n’aurait pas pu. Il fatigue trop vite, physiquement et mentalement et préfère utiliser son temps libre pour s’enrouler dans une couette dans le chalet. Il n’y a que ça de vrai.

« Bien je crois que… J’ai beaucoup parlé, haha, pardon… N’hésite pas si tu as d’autres interrogations ! »

Les personnes de l’accueil l’informeraient sans doute mieux, mais s’il pouvait contribuer à rendre son arrivée soudaine plus agréable, plus renseigné, c’était toujours ça non ? Avec un sourire timide, le rouquin contemple les paysages qui défilent, les traits caractéristiques de cette école qu’il commence à connaître par cœur. Des serres qui réfléchissent le soleil sur leur droite. Des bâtiments des dortoirs au loin. Et de toute cette verdure qui les entoure et dans laquelle Merlin se roule.

Oui, un bel endroit où vivre. En tout cas, il espère que ça lui plaira.