Dire que son réveil n'avait pas sonné était un mensonge éhonté. Dire qu'elle avait appuyé sur « Rappel dans dix minutes » presque 4 fois était déjà plus proche de la réalité. La vérité c'était qu'elle l'avait fait avant de lancer son téléphone ailleurs et que c'était Lisianthus qui l'avait réveillée.

-Paulia, tu sais qu'il est quasiment 8h30 ?

Elle se retourna, fourrant sa tête sous l'oreiller.

-C'est mon jour de repooooos.

-Cuisine. Balzamina.

Elle écarquilla les yeux version héroïne de shojo encore une fois en retard et envoya bouler ses draps.

-MERDE BALZA !

Elle courue nue à travers l'appartement pour sauter directement dans la douche. Elle en ressortit moins de 5 minutes après, les cheveux relevés dans un chignon qui ne ressemblait à rien. Sautant devant son lavabo, elle se maquilla rapidement. Tant pis pour le fond de teint et le reste, l'eye-liner et le rouge à lèvre discrets allaient devoir suffire. Puis elle dérapa en direction de sa chambre, farfouillant ses armoires. Elle en sortit une robe longue, flottante, glissant ses pieds dans des talons étonnement assortis.

Elle tourna sur elle même, se montrant à Lisianthus dans un « alors » silencieux. Le fantôme leva un pouce en l'air.

-Franchement, garde le chignon. Ca fait un genre et c'est pas mal pour la cuisine.

Elle fourra une pomme dans sa bouche et tenta d'articuler un « ça marche ». Elle échoua, mais le message était passé.
Attrapant un sac, elle y fourra un certain nombre de choses plus ou moins utile mais surtout quelques épices, un trombinoscope et... Les meringues qu'elle avait faites pour Balzamina. Le mettant sur son épaule, elle sortit en claquant la porte, fermant à clef dans la foulée avant de se mettre à courir dans le couloir, en talon et en mangeant une pomme.
L'allégorie de la grâce et de la distinction en somme, quelque cheveux dans la tronche en plus.

Elle arriva donc à moitié en dérapage à l'entrée des cuisines, adressant un « tadaaaaaam » silencieux à l'intention de Balzamina et de Hadevige. Quelques élèves étaient déjà là, notamment un gars frisé qui avait l'air d'être en train de présenter des... Affiches ?
Bien faîtes mais complètement barrées.

Paulia s'approcha donc de cette petite troupe, allant directement voir Hadevige pour lui faire la bise et échanger quelques salutations et mondanités. Puis elle se tourna vers Balzamina avec un immense sourire, la prenant dans ses bras.

-Je suis trooooop contente de te voir Balzamina ! Attends, bouge pas...

Elle sortit de son sac les meringues.

-Tiens, je les ai fait pour toi. Elle sont Lisianthus-approved.

-Dis lui que je dis bonjour et que son tablier lui va super bien.

Elle fit un clin d'oeil au fantôme.

-Il te dis bonjours et qu'il aime bien ton tablier. J'ai tellement hâte de cuisiner et... Quoi ?

Elle se tourna vers le fantôme qui venait de lui tapoter l'épaule. Il pointait dans la direction d'un des plans de travail derrière lequel se trouvait... Oh. Ce cher, si cher Nikulaenkovitch. Son sourire devint légèrement torve alors qu'elle se pencha vers Balzamina.

-C'était pas sur inscription ce cours ?

On était en territoire neutre. C'était une journée d'activité chouette avec Balza. Il n'avait pas le droit devenir lui pomper l'air.

-Tu veux que j'aille trouver une solution parmi les morts pour faire de son cake un enfer ?

Elle fit non de la tête. Le vengeance n'était pas l'idée, par contre.

-Garde le juste à l’œil.

-Je garde la solution Tergeist dans un coin cas où.

Il salua et alla se poster littéralement sur sa tête, imitant chacun de ses gestes. Paulia sourit et décida de se concentrer de nouveau sur la personne du moment, la meilleur infirmière de cette école, son amie sincère, la seule, l'unique Balzamina Dulac.

Qui devrait vite goûter ses meringues et lui dire ce qu'elle en pensait avant qu'elle ne fasse un scandale.

Bon, apparemment la présence de Mitre et de ses saletés de plantes et autres trucs bizarres était normal. Soit. Après tout, s'il n’était pas déjà en classe d'aide c'est que ça ne devait pas être ouvertement un sale con tout le temps. Dommage.

L'espèce de pile sur pattes venait se se rendre compte de son existence et c'était tournée vers elle puis vers Lisianthus avec enthousiame. Elle lui répondu par un salut et... Attendez. Attendez... Puis lisianthus ?

-Bon-jour! Moi c'est Oris. Vous êtes surveillante non? Le métier hein. Je crois que jvou ai déjà croisé. Et vous msieur vous venez faire de la cuisine aussi? Attendez quoi... cake au légumes! Trop bieeeeen!

Elle ouvrit la bouche et la referma se tournant vers le fantôme qui était revenu de faire le pitre avec Mitre.

-Il me voit ?

Elle hocha lentement la tête, légèrement bouche bée. Elle essayait de process l'info tandis que Lisianthus affichait un immense sourire. Il existait donc au moins UNE PERSONNE qui dans cette école pourrait tenir une vraie conversation à trois avec eux ! Quelqu'un qui soit vivant auprès duquel Lisianthus pourrait parler.
Le fantôme semblait sur le point d'exploser tant son impatience se sentait. De son côté à elle, elle sentit un immense soulagement lui passez sur l'esprit.

- Vous devriez vous installer, ça va commencer. Il ne reste plus qu’un table. Je vais passer entre les jeunes pendants l’atelier mais attend moi pour casser les œufs !

L'infirmière lui glissa un clin d'oeil et elle lui sourit en retours, allant jusqu'à sa place la place restante tandis que Balzamina reprenait les explications, suivit de la cuisinière. Un cake ?

-Je me demande si on a des épices a disposition... Liz ?

Le fantôme avait le regard perdu vers le jeune homme qui l'avait vu. Le cake, le cours, ça le dépassait. Il s'en moquait. La possibilité de contact avec autre vivant que Paulia qui ne soit pas quelqu'un de l'administration l'hypnotisait.

-Tu crois que si je lui parle, il m'entendra ?

Elle sourit, commençant à rejoindre le petit troupeau de gens allant chercher les ingrédients necessaires.

-Viens, je vais chercher de quoi faire la recette, dit-elle d'une voix douce. Je pense que tu ne perds rien à essayer. Vas-y, patate, ça se voit que t'en meurt d'envie.

Il lui sourit et elle lui fit un clin d'oeil, se penchant sur une cagette. Elle en extirpa un poivron jaune, un poivron rouge, deux tomates et quelques carottes avant de retourner à sa table. Elle écouta d'une oreille distraite Mordred poser des questions... Sans sens. Feu doux ou moyen ne veut rien dire ? Est ce qu'il lui arrivait de cuisiner ? Elle se sentait un peu trahie par cet amateur de littérature, comme si il lui avait caché un abominable passé et une incompétence absolument insoupçonnée.

Elle se reconcentra sur son cake, commençant tranquillement à suivre les instructions pendant que Lisianthus flottait doucement jusqu'au jeune.

Lorsqu'il fut arrivé à sa hauteur, il se posa, ses pieds s'enfonçant légèrement dans le sol.

-Hey, salut. Tu t'appelle comment ?