16h30 - Bar/café Le Chapeau Danseur


    J’ai un rituel de révisions: me balader en ville pour attendre que Le Chapeau Danseur soit un peu moins bondé, puis je m’installe sur une table cosy avec mon café, et je travaille pendant quelques heures. Je fais comme ça depuis mon arrivée à Leoska et je m’en sors très bien.

    Aujourd’hui cependant, j’ai été contrainte d’écourter ma balade, car le temps était un peu trop calamiteux pour rester dehors. Et comme fait exprès, j’ai oublié de prendre mon parapluie… 
Mais quel boulet. Je me précipite donc à l’abris dans le café, n’ayant pas trop envie d’être trempée jusqu’aux os.

"Mot de passe?"
Ah foutu mot de passe. C’est quoi déjà? Apothicaire fou? Antipode roux?
"Antiquaire flou!"

    J’ai enfin pu rentrer, seulement pour me rendre compte du monde présent. Pas une seule table de libre et au moins 15 personnes qui attendent pour passer commande. J’ai dû attendre bien 20 minutes avant de pouvoir passer la mienne…

"Bonjour mademoiselle. Qu’est ce que je vous sers aujourd’hui?
- Bonjour, ce sera un Latte Macchiato Caramel s’il vous plaît.
- Tout de suite!"

    Mon latte en main et satisfaite, je pars à la recherche d’un endroit pour m’installer. Une table vient tout juste de se libérer, près du radiateur. C’est une table de quatre mais bon, va falloir faire avec. J’ai pas mal de boulot donc je ne vais pas chipoter. Ecouteurs dans les oreilles, musique en route et c’est parti.

    Après une heure de révisions intensives, j’enlève mes écouteurs pour faire une pause. J’en peux plus de toute cette théorie, j’ai l’impression que ma tête va exploser. Mais il faut bien maîtriser tout ça pour devenir une grande mage…

Je vais être en  r e t a r d !!
Filant à toute vitesse dans la ville, je manque de peu de glisser dans une flaque d'eau et me retrouver face contre terre, situation gênante que personne sur cette Terre ne souhaite vivre dans sa vie. J'ai la chance d'avoir eu le bon réflexe et de m'être appuyé sur le sol pour me redresser vivement et continuer mon chemin dans les rues bondées de gens. J'ai peut-être, en effet, perdu la notion du temps en traînant dans le club d'art, et j'ai totalement zappé que j'avais rendez-vous avec des amis au café-bar des mages. J'espère qu'ils m'ont attendu !

Faisant à peine attention où je mettais les pieds, je renversais une jeune femme, semblant particulièrement pressée, et qui tenait des documents cachés sous sa veste, à la main. Sous le choc, elle les lâche et je vois, horrifié, ses feuilles se rapprocher à toute vitesse du sol mouillé. Sans même réellement m'en rendre compte, je fais un rapide geste de la main et ses feuilles se transforment en documents plastifiés. La protection ne tiendra pas dans le temps, mais ça me permet de les ramasser et lui les tendre en m'excusant platement.

Profitant de son incompréhension, je reprends ma course sans plus tarder. Je vois finalement l'enseigne en tournant sur ma droite. Priant pour qu'on m'ait attendu, je me précipite à l'intérieur, bafouillant vaguement le mot de passe, que je dû répéter plusieurs fois, à bout de souffle, pour me faire comprendre. Je secoue ma chevelure pour enlever le maximum de gouttelletes, me rendant compte que j'aurai pu me protéger de la pluie dès le début, mais que dans ma précipitation, j'avais totalement oublié que j'avais ce pouvoir-là. Soupirant de frustration en tortillant une mèche entre mes doigts - réflexe que je ne contrôle pas - je me rends compte du monde présent. Je commence à chercher mes amis du regard, mais impossible de les trouver. Plus je m'avance vers le comptoir, plus je regarde autour de moi, mais personne.

"Bonjour. Que désirez-vous ?"

Je me tourne vers la serveuse au comptoir, qui me regarde fixement, me pressant d'un froncement de sourcils. Ah oui, je dois commander. Je n'ai même pas pris le temps d'y penser.

"Je vais prendre votre thé du mois."

Q u o i  ? Tu thé ? Mais je ne bois pas de thé ? Je fermai les yeux un instant et m'insultais mentalement. J'avais juste commandé la première boisson chaude que j'avais vu, ne souhaitant pas faire attendre les clients derrière moi. Dès qu'on me sert, je fuis le comptoir et fais le tour du café pour retrouver mes compagnons, mais ils ne sont pas là. Dépité, je me résigne à trouver une autre place dans le fond du café. Une table est presque livre.

Une jeune mage est en train d'étudier, écouteurs dans les oreilles, alors je m'installe le plus doucement possible à son côté pour ne pas la déranger. Je remarque que je me suis quasiment brûlé les mains à forcer de tourner en rond dans la pièce dans savoir où m'assoir. Je pousse un léger soupire. Sacrée journée. Autant profiter d'être ici pour prendre un peu de repos et ne rien faire du tout.

Oh, j'ai des cours dans mon sac. Je pourrais prendre exemple sur ma camarade, mais je n'ai malheureusement pas autant d'assiduité concernant les cours théoriques, dans lesquels je n'excelle que très peu. Je prends une gorgée de mon thé et grimace. Après quelques secondes seulement, mon regard dérive sur ma voisine et son travail. Des cours de mages rouges, à ce que je peux voir sur ses documents.

Intrigué, je passe probablement plus de temps que je ne le devrais à zieuter par-dessus son épaule. Elle retire finalement ses écouteurs et ferme ses bouquins, je suppose pour prendre une pause. Depuis, mon thé est devenu tiède et est encore plus mauvais qu'auparavant. Je le repousse un peu et me tourne vers la mage pour engager la conversation.

"J'aimerai avoir autant d'assiduité que toi, en ce qui concerne les cours théoriques ! Ton écriture est si jolie."

J'esquisse un sourire bienveillant, faisant remonter mes pommettes légèrement.

 
  Allez Nyddlan, encore une heure et tu arrêtes. Tu peux le faire. Tu peux maîtriser cette foutue théorie. Et comme récompense tu pourras manger un bon moelleux au chocolat.

   Alors que je me motivais à me relancer dans mes révisions, j’explore le café du regard, comme pour chercher si un ami présent pouvait me servir d’excuse pour stopper là. Je tourne la tête et vois un garçon installé à ma table. Il n’a pas l’air si grand, peut être ma taille? Assis ça reste compliqué d’évaluer tout ça. Ses cheveux ont l’air mouillés. Enfin j’espère que c’est ça. Je vois qu’il a pris quelque chose à boire aussi. Du thé? Beurk. Il aurait pu choisir autre chose. La vue du thé me fait grimacer. Comment peut on ACCEPTER boire de l’eau chaude avec trois herbes qui ont fait trempette? M’enfin, chacun ses goûts. La vue de son piercing et de ses boucles d’oreilles me font réfléchir. Est ce que ça m’irait le septum? Ou juste l’anneau sur l’une des deux narines? L’industriel? Le-

"J'aimerai avoir autant d'assiduité que toi, en ce qui concerne les cours théoriques ! Ton écriture est si jolie."

   A L E R T E  R O U G E. IL ENGAGE LA CONVERSATION. NYDDLAN CONCENTRE TOI. NE PANIQUE PAS, C’EST JUSTE UNE DISCUSSION LAMBDA AVEC UN ETUDIANT DE LEOSKA. En plus il a l’air sympa, il a dit que t’écrivais bien. Qu’est ce que tu peux lui répondre? Blaguer? Jouer la meuf détachée?

   J’analyse la situation, mais c’est un peu la panique. Je déteste la phase où je dois parler avec des inconnus ou alors à la phase de connaissance. Je sais jamais vraiment quoi répondre, sur quel ton, si je dois faire une blague ou non. Et si il attends une blague, est ce que je vais faire un bide? Et si j’en fait une et qu’il en attendais pas? Ce serait vraiment plus simple si on pouvait devenir ami avec quelqu’un en claquant des doigts. Parce qu’il a vraiment l’air sympa, ça se voit sur son visage qu’il ne ferait pas de mal à une mouche. Et il souris chaleureusement en plus... Bon, réponds lui non, il attends là je crois.

"Merci c’est ma plus grande fierté."
P o u r q u o i t’as dit ça? Je me rattrape vite.
"Je t’avoue que la théorie c’est la chose que je déteste le plus, c’est bien pour ça que je dois le bosser au max sinon je me plante…"

Je souris en retour tout en jouant avec mon bracelet sous la table. A ce point là, j’espère vraiment qu’il ne va pas me trouver awkward…

Elle mis quelques secondes avant de me répondre, avec un air presque perdu. J'avais peut-être été trop direct dans ma façon de l'approcher ? Peut-être qu'elle flippe parce qu'elle croit que je suis un gros lourd ? Peut-être qu'elle veut juste pas parler avec quelqu'un comme moi qui donne l'impression de ne rien foutre en cours ? J'aurai peut-être dû me taire dès le début et-

"Merci c’est ma plus grande fierté."

Ouf ! Tout va bien, je ne l'ai pas effrayé. Oh ? Sa plus grande fierté ? Elle doit être calligraphe à côté pour que ça soit aussi important que ça. J'aimerai aussi avoir une jolie écriture mais mes carnets ressemblent plus à une décharge aux Philippines qu'à de réelles notes prises en cours.

"Je t’avoue que la théorie c’est la chose que je déteste le plus, c’est bien pour ça que je dois le bosser au max sinon je me plante…"

Ahh, finalement, on voit les choses plus ou moins de la même façon. La différence est que je sais que j'ai des lacunes de ce côté, mais je n'en ferai rien. Je n'arrive tout simplement pas à me pencher sur un bouquin des heures pour apprendre quelque chose que je ne retiendrai peut-être pas le jour d'après. Et c'est pour ça qu'en général... je me plante, rendant ma moyenne plutôt... catastrophique, les cours théorique prenant une grosse partie de mon planning.

"Je vois ! Je n'aime pas non plus la théorie. Je n'y comprends rien et ça ne me motive pas à réviser." Je haussai les épaules. "Du coup je foire juste les tests et je mise tout sur la pratique ahah !"

C'est débile de dire ça. Pourquoi ai-je dis ça ? Damn. Je passe vraiment pour un abruti fini et c'était pas forcément le but. Je me raclai la gorge, l'air soudainement sérieux, à la recherche de quelque chose de plus intelligent à dire que ça.

"Si ce n'est pas indiscret, quel est ton pouvoir ?"

Je la détaille un instant. Elle dégage cette aura de tranquilité et de bienveillance, et même d'intelligence pure, je ne peux m'empêcher de me reprendre immédiatement :

"Non, attends je vais deviner ! Tu es une mage rouge donc... Je dirai... tu peux transformer ton propre corps. Comme la métamorphose d'un papillon ! Oui c'est ça, ton pouvoir c'est d'être comme un papillon !"

Mon sourire s'aggrandit, et mon impatience aussi. Je ne dois pas être loin de la vérité. C'est vrai qu'elle me transmet cette image. AH. Je ne lui ai même pas encore demandé son nom.

Contrairement à moi, il ne mit pas longtemps à répondre. Mais il n’a pas l’air d’un lourdeau psychopathe qui traîne dans les bars. Je dirais juste qu’il est très enjoué et extraverti, et c’est loin d’être un défaut.

"Je vois ! Je n’aime pas non plus la théorie. Je n’y comprends rien à et ça ne me motive pas à réviser." Il haussa les épaules. "Du coup, je foire juste les tests et je mise tout sur la pratique.

Je crois qu’on va bien s’entendre lui et moi. Nous préférons tous les deux la pratique à la théorie. En même temps, quoi de plus barbant que de rester assis à un bureau et écouter un prof déblatérer son cours. Complètement ennuyant. Et en pratiquant on peut comprendre la théorie hein. Dans un jeu de société par exemple, t’auras beau m’expliquer les règles je comprendrai jamais. Mais c’est en jouant que je vais comprendre. La magie c’est pareil, c’est en pratiquant que j’apprends. J’étais prête à lancer ma meilleure propagande de la pratique quand il continua son discours

"Si ce n’est pas indiscret, quel est ton pouvoir?"

Hein? Ce soudain changement de sujet m’a prise au dépourvue. Et m’a déçue un peu. J’y tient à ma propagande. Une fois de plus, je m’apprêtais à répondre mais il poursuivit. Il va jamais me laisser en placer une si?

"Non attends je vais deviner !" Ah là tu m’intéresses, voyons si tu vas trouver. "Tu es une mage rouge donc… Je dirai… Tu peux transformer ton propre corps. Comme la métamorphose d’un papillon ! Oui c’est ça, ton pouvoir c’est d’être comme un papillon !"

Oh. Pour être honnête j’apprécie l’enthousiasme du bonhomme. Il a un sourire qui va jusqu’aux oreilles et dégage quelque chose de si pur. Je veux pas le décevoir en lui disant que c’est pas ça.
Je rigolai doucement.

"J’aurais adorer dire oui, parce que ce serait franchement cool de pouvoir se métamorphoser, mais non. Cependant, ça à un petit lien avec le vol. Regarde."

Je regardai autour de moi. Qu’est ce que je pourrais utiliser pour lui montrer? Ah je sais. Non loin de nous se trouver le bar et l’une des serveuses, trop petite pour accéder aux plus hautes étagères, essayait tant bien que mal de se grandir pour attraper une bouteille. Ses collègues étaient trop occuper avec d’autres clients pour l’aider.

"Tu vois la serveuse au bar? Elle galère à attraper sa bouteille sur l’étagère en haut. Je vais l’aider sans même bouger d’ici."

Je pointai alors la bouteille du doigt et elle se mit à flotter. Puis je la dirigeai vers la serveuse, qui prise au dépourvue, mis quelques secondes avant de l’attraper. Elle se tourna vers moi et me remercia avec un grand sourire.

"Tadaaaaa!"

J’avoue. Pour le coup j’étais giga fière de moi. Mais je me surprends, jamais j’aurais fait ça en tant normal, être si sociable. L’enthousiasme de… Je ne connais même pas son nom. Bref, son enthousiasme a dû déteindre sur moi.

Oooh un lien avec le vol ? Intéressant, je n'étais pas si loin. Intrigué, je me concentre sur la scène qu'elle me désigne. Une vendeuse plutôt petite avait du mal à attraper une bouteille en hauteur depuis un certain moment. Je lève les sourcils, attendant de voir la démonstration de la jeune mage. La fameuse bouteille se met alors à leviter pour aller se glisser dans les mains de la serveuse. Surprise, elle se tourne vers nous et adresse un sourire chaleureux à ma voisine. Je souris de même, impressionné par cette démonstration. Elle maîtrise vraiment bien son pouvoir, en plus !

"Tadaaaaa!
- Woahh c'est super cool !"

J'applaudis légèrement de mes mains en me tournant vers elle. En effet, elle gère plutôt bien la pratique. Et son pouvoir est vraiment cool. Elle peut se caler devant la télé et si jamais elle oublie de prendre la télécommande ou un paquet de chips, elle peut les faire venir à elle direct sans se lever. Bon, peut-être qu'elle se lève quand même, histoire de garder bonne conscience. Je ne suis pas un exemple à suivre, décidément.

"Au fait, je suis désolé, je ne me suis pas présenté."

Quelle impolitesse. Je joue avec le sachet de thé tout en enchaînant :

"Je suis Caël Foster, enchanté !"

Je bug alors un instant. Quelles sont les coutûmes françaises déjà ? Est-ce que je dois lui tendre la main ? Lui faire la bise ? Je ne sais même pas si elle est française ou non. Je n'en n'ai pas l'impression mais je n'ai jamais été doué pour reconnaître les visages ou accents du monde. Je dois probablement afficher une tête indécise avec un regard fuyant. Je me contente donc d'afficher le même sourire confortable de d'habitude en espérant qu'elle ne me trouve pas chelou. En même temps, j'épie le moindre de ses mouvements pour savoir si elle a une certaine façon de faire, pour pouvoir l'imiter et limiter la casse.

Ses encouragement me firent chaud au coeur. Pas que je n’ai jamais jamais reçu de compliments ou quoi que ce soit mais on se connaît depuis même pas une demie-heure et j’ai déjà baissé ma garde.

"Au fait, je suis désolé, je ne me suis pas présenté. Je suis Caël Foster, enchanté!"

Foster? Il n’est pas français. Bon c’est vrai que ça s’entendait un peu… Mais je me réjouis, ça veut dire aucune bise française à l’horizon. Habituellement quand je rencontre quelqu’un je le sers dans mes bras. Mais là ça fait 5 à 10 minutes déjà qu’on échange, ce serait bizarre de me lever pour lui donner l’accolade habituelle. Donc je reste à ma place et m’empresse de lui répondre.

"Enchantée, je m’appelle Nyddlan Warras. J’aime beaucoup ton prénom! Tu n’es pas français, si?"

Je lui affichai alors le même sourire chaleureux qu’il me présente depuis le début, espérant que ce ne soit pas trop creepy quand c’est moi qui le fait…  

"Enchantée, je m’appelle Nyddlan Warras. J’aime beaucoup ton prénom! Tu n’es pas français, si ?
- Merci, ahah ! J'adore le tien, aussi. Et non, du tout. Je viens de Sydney, en Australie. Je travaille encore mon accent, j'ai l'impression de mâcher un peu mes mots quand je parle."

Ce qui est d'autant plus vrai, c'est que j'ai tendance à parler vite et ma langue fourche en permanence. Alors pour me faire comprendre par les autres, c'est compliqué, et encore plus lorsque je lâche des mots typiquement australiens que seuls les australiens comprennent. Mais je fais des efforts. J'essaie de réfléchir quand je parle. J'ai bien retenu cette expression en français. "Tourne ta langue 7 fois dans ta bouche avant de parler." Ça me réussit jusqu'à présent.

Ça fait un bon moment déjà que je suis ici, mais j'ai cependant toujours du mal à m'exprimer à l'oral, principalement car je suis un peu trop flemmard pour réviser la langue chaque jours.

"Aussi, j'ai du mal avec la langue française. Trop de règles que je ne comprends pas, trop de mots qui se ressemblent et ne veulent pas dire la même chose. Le gars qui l'a inventé devait avoir une double personnalité."

C'est pas vrai, je suis jamais capable de la fermer. Qu'est-ce que je raconte, encore ? T'as du mal en français mais tu peux pas t'empêcher de piailler. Sans m'en apercevoir, j'affiche une moue ennuyée, ennuyé de moi-même.

"Oh mon dieu j'espère que je ne t'ai pas offensée si tu es française, en réalité, j'ai toujours trouvé cette langue magnifique et la difficulté ne la rend que plus intéressante et-"

Je me tais. Il vaut mieux. Je ne fais que de m'enfoncer, décidément. En plus mon thé est froid maintenant. Déjà que le thé chaud n'est pas bon. Mais alors, le thé froid ? Quelle horreure. Pourtant, j'en avale une gorgée, nerveusement.



[HRP : Déso si je prends du temps pour répondre en ce moment !]

Spoiler:

Pour la première fois depuis le début de notre conversation, il afficha une moue ennuyée. Ah bah bravo Nyddlan, t'as réussi à l'ennuyé en 5 minutes. Ton record!

"Oh mon dieu j’espère que je ne t’ai pas offensée si tu es française, en réalité, j’ai toujours trouvé cette langue magnifique et la difficulté ne la rend que plus intéressante et-"

Il se stoppa et pris une gorgée de son thé, qui avait l’air bien froid. Ew. Ça doit pas être jojo ça. Je lâchai un petit ricanement. Je ne me moque pas de lui, évidement que non. Je me moque de moi-même, et en même temps je suis soulagée de ne pas avoir été la cause de son changement d'expression.

"Je suis écossaise. Mais je suis contente que tu ne t’en sois pas aperçu dans un sens, je travaille tellement sur mon accent français depuis que je suis arrivée ici ! J’ai longtemps galérer avec le R. Et je suis d’accord, même si ça fait longtemps que je fais du français, leurs règles de grammaire me perdent complètement aussi…"

Je fais du français depuis l’école primaire, et je suis tellement reconnaissante que mes parents m’aient inscrite dans une école le permettant! Ça m’a permis de m’intégrer plus facilement ici. Et j’en avais bien besoin au début. 


"Tu te plaît en France du coup? Le temps et tout ça, ça doit bien changer de l’Australie…"

[T’inquiète pas, j’ai mis pas mal de temps aussi hihi]

Oh, écossaise ! C'est où l'Écosse, déjà ? Je creuse un peu dans ma tête mais ça ne me revient pas. Je sais juste que je l'associe à de très beaux paysages. Je regarderais sur internet quand je rentrerais chez moi.

"Tu te plaît en France du coup? Le temps et tout ça, ça doit bien changer de l’Australie…"

Je ne sais pas trop si l'Australie me manque. Je pensais que j'aurai bien plus le mal du pays, mais finalement, je pense que je me plaîs bien en France. Ça a été très compliqué au début mais j'avais des personnes pour m'aider, ce qui m'a énormément rassuré. Maintenant que je suis habitué, habiter ici est juste devenu mon quotidien et je vis bien avec.

"J'aime beaucoup la France, sinon oui. Il pleut beaucoup moins qu'en Australie. Même si le temps qu'il fait aujourd'hui me fait mentir, je préfère le climat ici." Je souris. "Ce qui me manque le plus, je pense que c'est la diversité de la faune et de la flore. Surtout les koalas." Je marque une pause. "Mes amis avaient l'habitude de me surnommer Koala."

Il m'est déjà arrivé de voir quelques animaux sauvages dans les bois autour de l'école, mais sinon, mis à part des pigeons et quelques écureuils, les autres animaux se font rares. Ou alors ils savent vraiment bien se cacher.

"Parle-moi de l'Écosse !" Je demande alors, plutôt intrigué comme je ne connais pas grand chose. "Est-ce qu'il fait bon y vivre ?"

J'en profite pour finir mon thé d'une gorgée en cachant une grimace.

Il m’expliqua rapidement ce qui lui manquait de son pays natal et m’informa du surnom qu’on lui donnait là-bas: koala. C’est adorable, et ça lui va bien.

"Parle-moi de l’Écosse ! Est ce qu’il fait bon y vivre?"

L’Écosse. Ça me manque fortement quand même…

"Très franchement en se basant juste sur la météo, pas trop." Je ris. "Il y fait très froid et pluvieux. Mais quand on a du beau temps, les températures sont douces et les paysages sont magnifiques. Après je vivais dans un petit village non loin d’Aberdeen, qui est plutôt dans le nord donc il faisait encore plus froid qu’à Edimbourg ou Glasgow par exemple. La meilleure partie de l’Écosse, à mon humble avis, est celle du nord. On appelle ça les Highlands. On a d’ailleurs un espèce de Vache nommée Vache des Highlands! Je te montrerai une photo. Les lacs, qu’on appelle Loch, sont top pour des promenades. Inverness se trouve pas loin du Loch Ness, et y a un superbe château à visiter à côté. En parlant de château il y en tout un tas en Ecosse qui valent le coup d’oeil. Certains ont servi pour des films et séries, comme Outlander ou Harry Potter. On a même le pont sur lequel le Polar Express passe pour se rendre à Poudlard. Oh et l’île de Skye ? Somptueuse, vrai- "

Je me stoppai dans mon élan en le regardant. Je m’étais vraiment emballée. Ça doit être un de mes défauts…

"Je suis désolée. Quand je suis passionnée par quelque chose je peux en parler pendant des heures. Tu as complètement le droit de me stopper si tu trouves ça ennuyant."

Même si je considère la France comme ma deuxième maison, je donnerais tout pour retourner en Écosse dans les jours qui suivent. J’y retournerai éventuellement, mais je dois rester en France pour Leoska, c’est trop important pour tout claquer.

En me racontant comment est la vie en Écosse, Nyddlan se perd en détails et me parle de tout un tas de choses passionnantes que j'écoute en posant ma tête sur mon poing. Elle a l'air tellement excitée à propos de tout ça que je la laisse faire en souriant et me mets à imaginer tout ce qu'elle me raconte. J'ai envie de la voir cette vache des Highlands ! J'ai envie de me promener vers les lacs et rencontrer la fameuse créature qui s'y cache ! OUAHH ILS Y ONT TOURNÉ HARRY POTTER ?? Mais c'est génial !

"Oh et l’île de Skye ? Somptueuse, vrai-" Elle s'arrête brusquement dans sa phrase. "Je suis désolée. Quand je suis passionnée par quelque chose je peux en parler pendant des heures. Tu as complètement le droit de me stopper si tu trouves ça ennuyant."

Rapidement, je secoue négativement la tête. Je ne connais pas grand chose de son pays natal et ce qu'elle me raconte est vraiment super intéressant. Et puis, ça fait quand même un super sujet de conversation que de parler de ses origines. Elle qui avait l'air toute timide au début se lâche quand elle parle de ce qu'elle aime. C'est trop mignon !

"Non du tout ! J'aime bien t'écouter parler de tout ça. Du coup, comment elle est, cette île de Skye ? Qu'est-ce qu'il s'y trouve ?"

Je suis curieux d'apprendre plein de choses pour une fois. C'est quand même bien plus intéressant quand c'est une conversation naturelle que lorsqu'il s'agit de cours que je ne fais que de subir. Je jette un regard dehors et remarque qu'il pleut toujours. N'ayant aucune envie de sortir, je propose à ma voisine :

"Ça te dit de prendre une autre boisson ? Je t'invite !"

Ça va me permettre de m'enlever ce goût horrible de la bouche, accessoirement.


[HRP : tkt prends ton temps pour rep, je sais que tu es occupée]

"Ça te dit de prendre une autre boisson ? Je t'invite !"

"Oh avec joie!"

Comment dire non à une invitation à payer? Et ça ne me dérangeait absolument pas de rester plus longtemps en sa compagnie. On fit signe à la serveuse pour prendre notre commande,

"Je vais prendre le thé glacé du moment s’il vous plaît!"

Je laissai Caël commander sa boisson et continuai donc mon récit écossais.

"L’île de Skye se trouve dans le nord de l’Écosse. Il y a masse de montagnes tout autour de l’île, et il y fait super froid, genre en été c’est max 18°C, et encore, c’est rare. Mais ça vaut vraiment le coup d’y aller pour visiter. Il y a des vestiges des époque passées, des ruines de brochs et duns, qui sont des constructions datant de l’époque des pictes, tribus écossaises d’entre le IIe et Xe siècle. Autant dire que ça date. La langue y est différente aussi, ils y parlent anglais mais aussi le gaélique, c’est leur patois quoi. Ma grand-mère et mon petit frère le parlent super bien mais moi par contre, pas un mot. J’ai préféré apprendre le français. BREF. Il y a beaucoup de culture celtique là haut. C’est fort enrichissant!"

Je continuai de lui faire un exposé, lui montrant des photos sur internet pour illustrer. (ici, ici, ici et ici) J’avais presque l’impression d’être un agent touristique essayant de convaincre un client potentiel. Mais parler de l’Écosse ma passionne, donc ça ne me dérangeais pas. Je me stoppai enfin, et commençai mon thé glacé arrivé quelques minutes auparavant.

"J’espère que ce n’étais pas ennuyant. Je te l’ai vendu comment j’ai pu!" Je souris. "Maintenant c’est à ton tour, parle moi d’où tu viens et des meilleurs endroits à visiter!"

Je fais un petit signe à une serveuse pour qu'elle vienne prendre une autre commande. J'en profite pour ne pas paniquer et prendre quelque chose d'ultra sucré qui me conviendra bien mieux qu'un thé sans saveur. Regardant la carte de loin, j'ajoute quelques sucreries qui ne seront pas de trop à cette table.

"L’île de Skye se trouve dans le nord de l’Écosse. Il y a masse de montagnes tout autour de l’île, et il y fait super froid, genre en été c’est max 18°C, et encore, c’est rare. Mais ça vaut vraiment le coup d’y aller pour visiter. Il y a des vestiges des époque passées, des ruines de brochs et duns, qui sont des constructions datant de l’époque des pictes, tribus écossaises d’entre le IIe et Xe siècle. Autant dire que ça date. La langue y est différente aussi, ils y parlent anglais mais aussi le gaélique, c’est leur patois quoi. Ma grand-mère et mon petit frère le parlent super bien mais moi par contre, pas un mot. J’ai préféré apprendre le français. BREF. Il y a beaucoup de culture celtique là haut. C’est fort enrichissant!"

Wouah. Je comprends pas tout, clairement. Mais c'est vrai que ça a l'air vraiment très intéressant. Elle me montre des photographies pour enrichir le tout et ça me donne d'autant plus envie de visiter l'Écosse. C'est de toute façon prévu, que je fasse un tour du monde après mes études. Genre, en stop. En partant quasiment sans rien sur moi. J'ajoute donc cette destination à ma liste, parce que là, elle m'a trop bien vendu le truc. Elle me demande à mon tour de lui parler de l'Australie et trop de choses me viennent en tête d'un coup. Mhm... Par quoi commencer ? Il y a tellement de choses à dire. Essayons de faire clair et court !

"Les paysages de l'Australie sont relativement variés, malgré le climat plutôt désertique ! Tout dépend d'où on se trouve, mais on peut y trouver de grandes étendues de forêts avec une faune et une flore plus variée que partout ailleurs ! Les animaux les plus connus en Australie sont les kangourous et les koalas, mais il y a tellement d'espèces à découvrir que, quand bien même j'ai habité là-bas pendant un bon moment, j'ai encore tellement à apprendre. Quand j'étais plus petit, j'avais l'habitude de me rendre dans des volières, j'adore les oiseaux ! Surtout là-bas. Parce que je t'avoue que nos oiseaux sont un poil plus canons que ceux qu'on trouve en France."

Je toussote. J'vais pas mentir, les pigeons sont pas les bestioles les plus gracieuses que j'ai pu voir jusqu'à présent. Et puis la diversité de la faune de l'Australie est l'un de ses principaux point fort, on ne peut pas nous retirer cela !

"Évidemment, la première destination que je conseillerais à visiter, c'est les récifs de la Grande Barrière. C'est tout simplement trop beau pour être vrai ! C'est une expérience inoubliable que je conseille vraiment. Ça permet entre autre de se rendre compte de la beauté de la nature, mais aussi de s'évader un instant. Ah ! Il y a un lac qui est magnifique, en Australie. C'est celui-ci." Je lui montre la photo d'un lac à la couleur rose vif. "Le lac Hillier. Étonnement, on ne sait pas encore pourquoi il a une telle couleur, on a des pistes, mais rien de certain. En fait, je t'en parle, mais je n'y suis malheureusement jamais allé. Mais c'est définitivement un endroit où j'aimerais aller, si je retourne en Australie un jour."

Et je pense y retourner. Pas immédiatement après mon cursus, mais plus tard. J'aurai sûrement peur d'y retrouver des personnes que je connais, d'être reconnu, mais je suppose que l'école ne nous laisse pas retourner chez nous sans être sûr que personne ne nous reconnaîtra. J'aurai sûrement un peu d'appréhension par rapport à ma famille. Je voudrais les revoir, mais ce ne sera sûrement jamais possible et j'ai - je pense - trop de ressentiment envers eux. Par contre, pour y faire du tourisme, ce serait super.

"Après il y a aussi beaucoup à voir en ville. À Sydney, Melbourne, etc. Mais je ne pense pas pouvoir t'en parler correctement. Je déteste la ville et je n'y ai jamais rien trouvé d'intéressant, ahah ! Alors je ne saurai pas trop quoi te proposer. De toute façon, la nature c'est mieux. Les réserves de kangourous et autres zoos et réserves qui tentent de ré-habilité les animaux dans leurs espaces naturels sont bien plus intéressants, à mon humble avis. Je t'avoue que nager aux côtés des requins m'a déjà semblé plus confortable que de rester avec des êtres humains."

And that's on being an awkward bitch. Mais bref. Je tens la main pour prendre un bout de mille feuille et pousse l'assiette si Nyddlan veut se servir aussi. Ce que je veux retenir de l'Australie, c'est la beauté de ses paysages, pas le brouhaha constant de la ville et les personnes qui m'ont trahies.

"En tout cas si un jour tu veux visiter, je te servirai de guide. J'ai toujours adoré les animaux et chez mes parents, il y avait une bibliothèque entière de livres sur les espèces qu'on peut trouver en Australie. Du coup on peut dire que je suis calé sur une bonne partie du sujet !" Je lui adresse un clin d'oeil. "Et tu me feras visiter l'Écosse."

Je prends une gorgée de ma boisson chaude, préférant définitivement cette deuxième commande à la première.


[Pardon de l'attente, aussi g pa relu déso]