Historique :

Pour tout comprendre il faut remonter à la révolution industrielle, celle qui a tout fait basculer.

Avant cela, la considération des mages par les sociétés était très différente localement selon les pratiques sociales et culturelles. Divinités ou messagers, sorcières ou faiseurs de miracles, leurs noms étaient divers et leur place changeante d’une culture à l’autre. En Europe, leur existence était tabou. La chrétienté ayant imposé une image vilifiée des mages, assumer ses pouvoirs pouvait se révéler dangereux et cette vision fut emportée par les colonisateurs partout où ils allèrent, mais c’est la découverte de la magie comme source d’énergie exploitable qui va véritablement tout changer.
La particularité mage quant à l’électricité avait déjà interrogé beaucoup de scientifiques, y compris au 18ème siècle, les plaçant déjà en sujet d’étude à cheval entre l’homme et l’animal (voir les travaux de Luigi Galvani sur « l’électricité animale »). Cependant, les méthodes de l’époque ne permettaient pas de comprendre l’importance du lien magie-énergie et les possibilités mages liées. Avec l’invention de la pile électrique, les magiciens furent mis de côté pour un temps et l’exploitation du courant se développa de la même manière que dans notre Histoire, sur Terre.

Après la mise en place de l’électricité dans New-York en 1882, bon nombre de villes vont vouloir suivre et l’utilisation des « dynamo » se répand pour la production d’électricité. Ainsi naissent les premières usines d’électricité.
Un matin, dans une usine productrice de Londres se produit un accident. Adrew H. est un jeune ouvrier de 16 ans prenant son service. Il se place à son poste mais, devant lui, une des bobines s’emballe sans explication et commence à produire bien plus que prévu ! Le jeune homme est un mage de l’électricité dont le pouvoir vient de se révéler et il fait complètement dérailler les installations. Le pauvre garçon en réchappe de peu et est aussitôt récupéré par un ingénieur, Dorian W., pour étude.
Dorian W. montera un laboratoire d’étude de la magie en tant qu’énergie nouvelle, faisant venir de partout dans le monde des mages de l’électricité puis des mages de tous horizons pour compléter ses études sur la question. Il démontrera par l’expérience que l’utilisation de leurs pouvoirs par les mages leur permet de canaliser cette forme d’énergie incroyable et apparemment inépuisable qu’est la magie et que cette source d’énergie n’est atteignable que par certains processus. Il démontrera aussi que cette énergie est indépendante de la manifestation magique (verte, rouge, blanche ou noire) et qu’avec la machinerie appropriée, n’importe quel mage peut la fournir. Il reprendra également bon nombre de vieilles légendes et remèdes de grand-mère, cherchant à faire ressortir la présence de la magie dans certains gestes du quotidien pour mieux la comprendre. Ainsi, après plusieurs années de recherche, W. en vient à la conclusion suivante :

« Nous pouvons qualifier de magiques les choses, qu’elles soient animales, végétales, minérales ou humaines qui, par un lien présent dans leur composition même, sont conductrices de la magie. Comme un fil électrique est conducteur d’électricité grâce à sa matière et le bois ne l’est pas, il existe dans les choses magiques un courant circulant et libérant une énergie inouïe. Cette capacité ne peut pas s’acquérir et elle demeure chez les choses mortes : une feuille d’un arbre fabuleux gardera des propriétés comme un limier-infernal en décomposition continuera d’attirer à lui quelque sombre magie. »

La magie est dans la matière et ceux qui en sont faits sont conducteurs. C’est sur cette base là que l’étude de la magie s’est construite, petit à petit, s’appuyant sur la classification de Willfrey en matière de magie : magie blanche, noire, verte et rouge.

Au-delà de cette recherche fondamentale opérée par le chercheur anglais, ce dernier met au point plusieurs machines permettant de canaliser l’énergie magique des manipulateurs. Plus petites et produisant plus, elles deviennent vite pour les villes concentrées en mages une solution viable face à la demande croissante.
Très vite, notamment aux États-Unis où la population migrante est de plus en plus nombreuse, les mages issus de communautés précaires voient en ce genre d’emplois une solution pour survivre et très vite, la communauté ouvrière va se déchirer autour de leur utilisation. Travailleurs uniques en leur genre, les mages bénéficient davantage d’emplois stables et permettent de réduire le nombre de bobines nécessaires à la production d’électricité et donc le nombre de travailleurs. D’un autre côté, la majorité des mages travaillant à la production d’électricité s’épuisent à la tâche et la fonction se précarise. De plus en plus de producteurs d’électricité sont des mages de communautés ostracisées, isolées, oppressées ne parvenant pas à faire entendre leurs droits.

Ainsi, plus le temps passe, plus les sociétés industrialisées perdent de vue l’humanité des mages. D’un côté, certains les considèrent comme des voleurs de labeur, des profiteurs, les autres comme une main d’œuvre bien pratique.
Malgré ça, dans les zones plus rurales des pays concernés et ailleurs dans le monde, la place des mages reste assez variable jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Bien entendu, les mages avaient déjà été utilisés durant la drôle de guerre. Cependant, leur présence n’était pas vraiment organisée, à l’exception de quelques unités.
La Seconde Guerre mondiale, en revanche, amène une utilisation bien plus complexe et choisie des mages. Persécutés pour la plupart dans l’Axe lorsqu’ils ne correspondent pas aux idéaux fascistes de leurs différents pays, d’autres sont enrôlés dans les armées et participent aux horreurs de la guerre. En France, Angleterre et aux États-Unis d’Amérique, l’apparente propagande pro-mage de leurs adversaires et les dégâts occasionnés font peur et une répression a lieu, même envers ceux qui auraient été tués par le Reich (mages noir, lgbtqi+, juifs, tziganes, etc.). Ainsi, la méfiance et la déshumanisation concernant les mages continuent jusqu’à la fin de la guerre, et ce malgré les nombreuses victimes mages qu’elle avait faites.

Ce ne fut pas ce conflit qui enfonça le clou et entraîna les mesures actuelles et internationales anti-mages, mais la guerre froide.
En effet, dans le monde de Nershan, en parallèle des recherches sur le nucléaire, des courses à l’armement et à la conquête spatiale, une course à la maîtrise magique se met en place et ce des deux côtés du rideau de fer. Déjà surveillés chez les anciens alliés de la guerre, les mages se voient étudiés, exploités pour créer une force dissuasive supplémentaire. De plus en plus de gouvernements tentent de se joindre à cette bataille scientifique pour laquelle les ressources sont plus simples à trouver. On déplore à cette période la mise en danger voir l’extinction d’un grand nombre d’espèces magiques et la mort d’encore un peu plus de mages.
Le coup de grâce porté à la liberté des mages fait suite aux trois incidents majeurs ayant eu lieu aux USA et en URSS. A l’époque, les raisons de ses incidents furent passées sous silence mais plusieurs bases militaires et scientifiques furent détruites assez violemment dans des conditions assez floues. Il sera révélé plus tard que des opérateurs mages expérimentaux ayant perdu le contrôle causèrent ces dégâts, de manière isolée mais répétitive.
D’autre part, des évènements comme les tueries de Paris et Hong-Kong, les trois nuits rouges aux États-Unis, les attentats mages de Moscou, etc., incidents liés à une perte de contrôle de mages faisant aussi partis de ces expérimentations sur leurs pouvoirs achèvent de convaincre les gouvernements du besoin de contrôle sur les magiciens.
Ainsi, d’un commun accord, l’Est et l’Ouest décident d’arrêter les expériences sur les mages. De manière indépendante, plusieurs pays mettent en place une propagande anti-mage et des lois paraissent petit à petit jusqu’à suppression complète de la majorité des droits des mages. Ainsi, les textes de loi internationaux sur la régulation des mages stipulent, de manière résumée, la chose suivante :

« Dans la situation actuelle et face à leur condition, les individus mages sont considérés automatiquement comme un armement militaire et ce dès la manifestation de leurs pouvoirs. A ce titre, ils doivent être répertoriés et contrôlés par des autorités compétentes. Leur utilisation comme moyen de production d’énergie, comme travailleurs spéciaux ou leur exécution en cas de danger immédiat dépendent des autorités précédemment citées. Ces utilisations ne peuvent être définitives et ne sont qu’un moyen de faire participer les individus mages à la société. La sédation est fortement recommandée si le travail effectué le permet. Ce contrôle doit s’accompagner d’un engagement à trouver une solution durable pour tous. Les abus au sein des camps doivent être sanctionnés : il ne s’agit pas de défaire les individus mages de leur humanité complète mais, face à leur dangerosité, de trouver une solution garantissant la sécurité de tous. »

Seulement 1 % des nouveaux-nés sont mages. Sur ces 1 %, la mortalité lors de la manifestation des pouvoirs ou dans les années qui suivent est supérieure à 30 % en moyenne et peut monter jusqu’à 60 % dans certaines régions (stress, utilisation excessive de magie dans les camps, meurtres…). Sur ceux qui restent, selon leur utilisation de la magie, la nature et la puissance de leurs pouvoirs, leur espérance de vie peut être largement diminuée.
On estime que quasiment 50 % de la population mage mondiale est actuellement exploitée en camps avec des disparités liées aux moyens des pays (quantité d’usines, force militaire spécialisée ou non…), à la culture (sympathie individuelle pour les mages ou non) et à la facilité de fuite (montagnes isolées, etc., etc.)

C’est pour cela que Leoska existe : permettre à tous ces pourcentages de baisser. Si possible, significativement. Si possible définitivement.