L'histoire de la famille Adler commence comme la plupart des histoires. Un homme et une femme se rencontrent, Samuel et Aline, un mage Blanc et une Rouge. Ils se sont aimés et de leur union née une petite fille, Ellie. Leur famille n'est pas riche, les fins de mois ne sont pas toujours faciles, mais ils s'aiment d'un amour tendre et, malgré la difficulté, Ellie se rappelle d'une enfance heureuse.


Ellie est une enfant vive et curieuse, sa soif d'apprendre est insatiable. Très tôt, elle se découvre une passion pour la musique et tombe tout particulièrement amoureuse du violon. Sa seule et unique demande, son seule caprice sera de demander à apprendre à jouer.


Plus perspicace que la moyenne, Ellie devine l'arrivée de son petit frère avant que ses parents n'ait le temps de lui annoncer. Elle a 6 ans lorsqu'Elliot voit le jour. Au début, la jalousie aura le meilleur de sa personnalité, elle lui en veut de lui voler ses parents, sa solitude, son confort, mais tout aussi vite elle découvrira le bonheur d’être une grande sœur. La joie de se voir donner des responsabilité, d’être assez grande pour s’occuper d’un plus petit et plus fragile qu’elle, mais surtout de voir l’amour que ce petit bout d’homme lui porte. Un amour et une admiration sans borne qu’elle ne peut s’empêcher de lui rendre au quintuple.

Alors voilà la famille Adler est au complet et ils sont heureux. Pour le moment, tout va bien.

Les enfants grandissent tranquillement. Elliot est un petit garçon plein de joie de vivre et d'énergie qui ne manque jamais d’idée pour dépenser ladite énergie. Ellie est une fillette réfléchie, qui voit plein de choses et qui veut comprendre ce qu’elle enregistre, alors elle pose plein de questions, tout le temps. À l’école, les avis sont partagés, si dans certaines matières elle excelle par son sérieux et sa participation, dans d’autres elle manque sérieusement d’enthousiasme et ça se sent. Les autres élèves la trouvent trop silencieuse, trop franche, trop penchée sur ses cours de violon pour vraiment s’intégrer avec eux. Mais ça tombe bien, elle non plus ne les aime pas beaucoup et préfère passer du temps avec son frère.

Aucun d’entre eux n’a encore découvert leurs pouvoirs et finalement ce n’est pas plus mal se disent leurs parents qui font de leur mieux pour les protéger le plus longtemps possible de la dur réalité.


Malheureusement, Ellie est plus inquisitrice qu’ils ne le pensaient pas et fini par mettre bout à bout tous les indices. Le fait qu’ils ne se servaient de leur pouvoir que derrière les volets fermé de leur maison, les histoires "terrifiantes” à l’école sur les mages, les bribes d’infos qu’elle as eu le temps d’apercevoir, bref ce n’était qu’une question de temps avant qu’elle ne commence à poser des questions. Effectivement, après quelque recherche, du haut de ses 10 ans Ellie prend ses parents à part et exige des explications.

Aline et Samuel font de leur mieux pour lui expliquer ce qu’ils savent sans rien lui cacher. Tout de suite, Ellie s’indigne et s’insurge, elle veut comprendre pourquoi les mages n’ont pas mis le monde à feu et à sang pour regagner leur liberté. Les arguments de ses parents, bien que raisonnable, la révolution ce n’est pas si simple après tout, ne la satisfont pas. Il doit y avoir une autre solution, un moyen de faire mieux, de changer les choses. Ellie est encore jeune mais son objectif est maintenant tout tracé, elle changera le monde, ni plus ni moins, et personne ne saura l’en empêcher. Elle ne sait pas comment, ni quand, mais ça se fera, ELLE le fera.


Avec ce nouveau but en tête, la vie d’Ellie prend un tournant pour le mieux. À l’école, malgré sa réticence elle met plus d’effort à tout étudier, se persuadant que ça lui sera utile pour sa future révolution. Avec ses camarades elle prend plus le temps de jouer avec eux, pour comprendre ce que les personnes autour d’elle en pense, elle apprend à taire sa franchise pour plus de diplomatie et se fait ainsi un cercle plus large d’amis.


Les années passent, Ellie rentre au collège puis au lycée.


Elle a 15 ans. Son objectif est toujours le même, mais malgré tout ce qu’elle en as entendu, la jeune fille n’a finalement jamais vraiment été témoin du problème, alors son attention au sujet s’est un peu effrité. Elle n’a pas encore découvert ses pouvoirs, contrairement à Elliot, mais ne s’en plaint pas et préfère perfectionner son talent musical. Ses parents, inquiet de ses tendances révolutionnaire, sont rassuré de voir son attention se concentrer sur tout autre chose, peut-être qu’elle finira par accepter et décider que ça n’en vaut pas la peine


Leur famille est toujours aussi soudée, ils ne manquent de rien et peuvent se permettre plus de choses. Tous les week-ends, les Adler sortent en famille faire un pique-nique dans un lieu différent, c’est leur rendez-vous, leurs retrouvailles quand ils ne se voient pas beaucoup et personne ne penserait à le contester. C’est un moment important pour chacun d’entre eux.


C’est pendant l’un de ces week-ends, lors d'une balade digestive dans les rues d’une petite ville de campagne qu’Ellie tombe amoureuse. Amoureuse d’un violon dans une vitrine d’antiquité. Il est vieux, ses cordes ne sont plus accordées depuis bien longtemps, son bois patiné par les années et les nombreuses mains qui l’ont tenu, mais la jeune musicienne lui trouve une sorte d’aura qu’elle ne s’explique pas. Il faut qu’elle le voie, qu’elle le touche. Aussitôt dit, aussitôt fait, la voilà dans la boutique en train de négocier avec le vendeur pour pouvoir s’approcher, sa main se tend pendant qu’elle parle et, ne pouvant plus attendre, effleure le bois.

Sa vision bascule.

Elle est un jeune violoniste qui réalise son premier concert à l’Opéra de Paris. Il est stressé, il a peur, mais l’exaltation est plus forte que tout, c’est le début de sa carrière, l’apogée de sa vie, il est au paradis. La descente continue. Elle est une enfant, c’est son premier violon, mais elle aurait tout donné pour être dehors en train de jouer à la balle, elle éprouve une haine irrationnelle contre son violon qu’on lui force à apprendre, elle aimerait le détruire. Et plus bas encore. Ça y est le violon est prêt, il est le fruit de tant d’heures de travail. Le luthier y a mis toute sa passion pour son métier, toutes ses larmes et son sang pour finir ce violon. Son chef d’œuvre. Le dernier de sa carrière. Le dernier de sa vie...

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Le retour à la réalité est difficile. Le monde tourne un peu trop vite, des ombres s’agitent au-dessus d’elle, des voix s’élèvent. On la tire, elle ne résiste pas, obéit sagement et se lève, encore trop groggy pour comprendre ce qui se passe. Elle reconnaît sa mère, le visage fermé en train de discuter avec le propriétaire du magasin. Elle voit son père au téléphone, puis Elliot qui l’a relevée et reste accroché à son bras, inquiet. Dans son autre bras le violon est fermement tenu, légèrement chaud. Petit à petit, Ellie se rappelle, ça ne devait être qu’une petite promenade et… elle avait vu quelque chose. Des souvenirs ? De qui ? Comment ? Était-ce son pouvoir ?

D’un côté, elle était ravie d’enfin découvrir ce qu’elle savait faire, mais d’un autre… Atterrée du timing de cette découverte, au milieu d’une ville inconnu dans un magasin avec un témoin. La jeune fille n’a pas le temps de contempler toutes les conséquences de ce qu’il vient de se passer, Aline sert la main du vendeur, Samuel raccroche et d’un seul mouvement, ils se tournent vers leurs enfants. Leur vie allait changer drastiquement.

And then what ?

Quelques mots ne suffisent pas à décrire les 2 ans qui suivirent. Soudainement, ils n’avaient plus de maisons, plus de vies, leurs noms avaient changé trop de fois pour les compter, ils avaient visité toute l'Angleterre en changeant de location très régulièrement. L’ambiance était toujours à la tension, à l’inquiétude du lendemain. La menace des forces de l’ordre était si proche, ils partaient parfois quelques minutes avant qu’un raid ne débarque dans leur refuge.  

Ellie vécut cette période particulièrement mal. Le problème de l'oppression mage s’était rappelé à elle violemment, par sa faute en plus de ça et elle ne savait pas comment ne pas mourir sous le poids de sa propre culpabilité. Alors elle se lança avec désespoir dans la survie de leur famille, abandonnant toute idée de révolution pour s’occuper de son frère quand leurs parents sont partis travailler, travailler quand elle le pouvait, se porter volontaire pour toutes les tâches à sa disposition… Bref ne jamais s'arrêter pour ne jamais avoir le temps d’être coincée avec ses pensées.

Elle s’y perdit si bien qu’elle en oublia son anniversaire, son violon, sa santé. Il lui fallu un malaise en pleine journée, en plein travail pour l’obliger à se reposer un peu. Ca ne dura pas longtemps, mais lui permis de tenir un peu plus longtemps.


Plus longtemps jusqu'à l’arrestation d’Aline et Samuel.


Ce fut une arrestation éclair. En dix minutes, c’était plié, ils étaient menottés, poussés dans des vans et partit pour ne plus revenir. Ca, c’était passé en plein jour, dans une rue bondée, mais personne n’avait rien vu. Personne ne voyait jamais rien.


Heureusement, Ellie et Elliot n’étaient pas avec eux, déjà en route pour une autre ville sous prétexte de se séparer pour mieux les disperser. Peut-être qu’ils savaient ce qu’il allait se passer, peut-être qu’ils se savaient piéger, Ellie ne sut jamais vraiment pourquoi ils s’étaient séparés quand ils l’avaient fait. Elle comprit seulement quand le lendemain elle n’avait reçu aucune nouvelle, aucun message qu’il leur était arrivé quelque chose. Que ce n’était plus qu’elle et Elliot, contre le gouvernement, contre le reste du monde. Et que leurs chances de survie étaient incroyablement faibles.

Elle n’avait pas encore fêté ses 18 ans, l’âge légal pour travailler et elle n’avait pas l’air assez adulte pour mentir sur son âge. Elliot n’avait que 12 ans, même s’il savait se débrouiller elle refusait de le mettre en danger. Leur situation était devenue infiniment plus compliquée. Si perdre leurs parents les choqua tous les deux, ils n’eurent pas le temps de vraiment s’attarder dessus, de l’accepter ou de le pleurer, ils devaient survivre.

Pendant un temps, ils réussirent à s’en sortir seuls, ne mangeant plus à leur faim, fuyant ceux qui les regardaient d’un peu trop près, dormant là où ils le pouvaient sans vraiment dormir au cas où ils devraient fuir. Pendant un temps, personne ne les trouva. Enfin, c’est ce qu’ils pensaient.

Mais le gouvernement leur mit le doigt dessus, et manqua de peu de les apercevoir partir avec la brigade extérieur de Leoska.

Ellie n’avait pas hésité longtemps avant d’accepter de suivre les mages sans se battre. Ils les avaient trouvés une fois, ils n'hésiteront pas à le refaire et cette fois moins gentiment elle n’en doutait pas une seconde. Une petite démonstration de pouvoir avait suffi à la convaincre qu’ils étaient ce qu’ils disaient être. Ils avaient aussi des informations sur leurs parents que personne ne devrait avoir sur leur pouvoir et leur passé, ils avaient fait leur scolarité là-bas et la brigade parlait d’eux avec une tendresse que seul des proches peuvent ressentir, il était évident qu’ils ne mentaient pas. Même Elliot, pourtant plus suspicieux de la bonne foi des gens qu’elle, était visiblement plus détendu en leur présence.


Ainsi, la fratrie Adler fit sa rentrée à Leoska.

Ce ne fut pas une transition facile. Soudainement ils n’étaient plus seul, eux qui avaient appris à ne compter que l’un sur l’autre, à ne faire confiance à personne. Ils devaient de nouveau aller à l’école, apprendre à communiquer normalement avec les gens. Avoir une vie normale, se servir de leur pouvoir qu’ils avaient tenté d’oublier pendant 2 ans. Bref redevenir des adolescents mages normaux.

Dès les premiers mois, une distinction se fit entre le frère et la sœur.

Elliot traversa les séances de thérapie avec aisance. Peut-être était-ce parce qu'il n’avait pas connu ses parents aussi longtemps qu’Ellie ou qu’il vivait au mieux leur disparition en l’acceptant comme inévitable. Dans tous les cas, il s’adapta plus rapidement à cette nouvelle vie, se fit un cercle d’amis et se prit au jeu d’une vie écolière, près à prendre ce nouveau tournant avec tout son courage.


Ellie… Explosa dès la première séance. De colère, de tristesse, d’impuissance. Elle se sentait démunie face à la rapidité avec laquelle tout était arrivé, elle avait l’impression d’avoir tout vécu de l'extérieur, de s’être vue traverser ses deux ans sans vraiment le ressentir. Quand enfin elle reprenait possession de ses sens, c’était pour être attaquée par des sentiments trop douloureux. Alors elle chercha d’autre types de sensations pour oublier celles qui lui faisaient trop mal. L’alcool et le sexe furent les deux grands candidats. C’était une époque étrange qui dura quelque temps, où des inconnus lui servait de thérapeute sur le coussin ou autour d’un verre, mais elle n’échangeait que des simplicité avec son propre petit frère.

Étonnement une période de débauche lui fit bien plus de bien qu’un conventionnel rendez-vous chez le psy, mais elle se termina tout aussi rapidement qu’elle avait commencé, Ellie préférant tout de même un mode de vie plus calme et moins… excitant. Elle se rappelle de cette époque avec un mélange de mélancolie et de honte de son comportement, n'assumant qu'à moitié d'avoir été cette personne un jour.  

And now ?

Un an est passé. Ellie entre en deuxième année du cursus sup.. Elle a 19 ans. Beaucoup de choses ont changé, certaines sont restées les mêmes. Elle a appris à vivre avec son deuil, bien qu’elle le porte toujours quelque part au fond, c’est plus facile de l’accepter sans avoir tout de suite besoin de se tourner vers des échappatoires plus excessif.

Elle ne se dévoile plus du tout au premier venu, encore totalement mortifiée à l’idée d’avoir pensée que c’était une bonne idée. Au contraire, elle a fermé ses pensées à toute approche extérieur, devenir confident avec elle est une véritable épreuve de force.

Avec Elliot, c’est un peu étrange, ils se sont éloigné, vivant des vies différentes, avec des rythmes très différents, mais leurs pertes les as aussi rapproché intimement. Les mots sont moins nécessaires pour communiquer entre eux, c’est étrangement confortable.

Son but initial est redevenu son objectif principal, son envie de changer le monde plus forte que jamais, alimentée par ses deux années de fuite, par sa colère, par ses parents, par tout ce qui ne va pas avec le monde. Cette fois-ci, elle ne se laissera pas endormir par la facilité du moment présent. C’est sur l’avenir que son regard doit rester poser. Personne ne devrait vivre ce qu’elle a vécu.



Bref elle est va un peu mieux, Ellie est prête pour ce que le futur à prévu.