Leova, de son vrai prénom Leovannana, rentre en cursus supérieur cette année, après avoir intégrée de manière précipitée sa terminale à Leoska. Pourquoi précipité? C’est une affaire de famille.

Cela vient de ses arrières-grands-parents, agriculteurs très prospères de leur temps. Grâce à eux, les générations futures étaient assurées économiquement. Ils avaient créé une forme de richesse personnelle plutôt discrète mais assez suffisante pour des gens habitants en campagne. Leur travail prolifique était détenu par un secret : après avoir eu leur premier enfant, le couple avait développé la faculté de communiquer avec leur potager, et toute sorte de végétations. Ils savaient satisfaire les besoins de leurs plants, et les multiplier par dizaines.

Les grands-parents n’avaient pas conscience que cela relevait de la magie: pour eux, c’était un pouvoir trop anodin et bénéfique . Ils pensaient que c’était un cadeau de Dieu pour leur amour sincère. Ils n’en parlaient à aucune personne hors famille: ils allaient être pris pour des fous. Ils n’osaient pas proliférer des centaines de plants pour garder de l’énergie et se préserver des soupçons, jalousies aux alentours.

Leova ne les a jamais connus car trop vieux, ni sa grand-mère d’ailleurs, mais cette fois-ci sans savoir pourquoi. Sa mère n’a jamais voulu lui dire, c’est le sujet tabou. Elle et son père l’ont toujours mise en garde sur l’héritage magique de ses ancêtres. Si quelconque relation avec la végétation ou manifestation non explicable apparaissait, Leova devait les avertir à tout prix. Elle devait faire comme si ca n’existait pas. Sa mère lui a longtemps expliqué qu’elle avait réussi à atténuer son pouvoir jusqu’à l’éteindre. En prenant conscience de l’anxiété de ses parents et du contexte politique de plus en plus répressif , Leova avait un poids lourd qui reposait sur ses épaules. Des années à s’intégrer sans le vouloir dans la tête que les autres lui voudraient un jour du mal , et qu’elle ne serait jamais elle-même : des cauchemards sur les camps de travail, d’intrusion de la maison familiale et une méfiance envers quiconque.
Pourtant : chasser le naturel, il revient au galop. Plus elle tentait de renfermer son pouvoir comme sa mère, plus sa curiosité s’accroitrait. A force d’angoisses, commettre l’interdit était la meilleure des évasions. Elle s’intéressa beaucoup aux plantes, au jardinage et fit le mur pour se ballader en forêt. Si ce secret a pu tenir jusqu’à la fin du collège, les deux dernières années étaient chaotiques. La puberté était à sa maximum et ses premiers amours se manifestaient. Elle savait que ce qu’elle ressentait était pur, mais elle fut embarquée dans des crises incontrôlées de manifestation de son pouvoir. Son lycée fit une enquête sur interne pour savoir qui avait causé une grande poussée de lierre dans le gymnase.
Pour la déscolariser, ses parents avaient brûlé leur maison «par accident» et déclaré un déménagement suite à ce traumatisme.


Ils retournèrent en rase campagne. Leovannana Diamond devint élève à Leoska , ils coupèrent contact avec elle pour la sécurité de tous.