L'histoire de Blair commence comme beaucoup d'autres, avec un accident. Un accident qui fait fuir un père. La fuite d'un père qui force une mère célibataire à travailler. Un travail qui la rend absente de la vie de sa fille. Une fille qui devient amère, qui rejette son affection, qui l'accuse de ne pas être là pour elle, de la laisser seule tous les soirs, de passer trop de temps au travail. Un travail qui stresse tellement sa mère que sa mère enchaîne les cigarettes et commence à tousser. Une toux qui s'intensifie, qui s'aggrave, qui se change en cancer dévorant ses poumons petit à petit. Un cancer qui fini par la clouer au lit, puis à l'hôpital. Un hôpital où sa fille se retrouve, lui tenant la main, pleurant en silence.
Mais en réalité, l'histoire de Blair ne commence qu'à côté de ce lit d'hôpital.
Voir le visage de sa mère se tordre de douleur, comme un masque grotesque posé sur son corps maigre, affaibli et morbide, sentir sa main décharnée se contracter violemment dans la sienne lorsque la souffrance devenait trop forte... Et savoir pertinnement que rien, rien ne pourrait lui rendre sa mère, celle qu'elle avait détestée autant qu'elle l'avait aimée, la frustration d'assister à la torture indicible que la maladie lui faisait subir...
Certains auraient laisser éclater leur rage, leur panique, leur angoisse, mais pas Blair. Iel se contenta de se lever, serrant la main de sa mère, pour l'embrasser sur le front. Un acte doux et tendre, défiant l'horreur. Presque immédiatement, les spasmes de sa mère se calmèrent, sa respiration devint lente et régulière. Blair se rendit compte rapidement que sa mère était endormie - impossible dans son état, aussi rapidement et aussi profondément. Mais iel ne voulait pas la réveiller. Son visage était en paix. Alors iel s'est assise en silence en lui tenant la main. Étrangement, la fatigue s’empara de Blair également et iel s’endormit, la tête posée sur le lit.
Quelques heures plus tard, sa mère s'éteignait dans son sommeil, paisible. Lorsque les médecins et infirmières coururent à la chambre, ils trouvèrent Blair, nimbée d’un halo pâle, toujours endormie sur le corps de sa mère. Immédiatement, le personnel de l’hôpital craignant qu’une jeune mage ne soit un danger pour les patients, dénoncèrent sa présence aux autorités qui, bientôt, envahirent l’établissement.
Blair fut éveillée par le contact froid du métal contre son poignet alors qu’un agent lui passait des menottes : instinctivement, iel le repoussa et tenta de s’enfuir avant d’être violemment interceptée. La jeune fille, ensanglantée, le nez cassé et couverte de bleus, se vit être arrachée au corps de sa mère, et toute la rage, la frustration qu’elle avait contenu durant ces derniers mois à lutter contre le désespoir, s’échappa d’elle en un hurlement et un flash de lumière.

Lorsque la Brigade Extérieure débarqua dans le service, s’attendant à ne trouver que peu de trace de la jeune mage, ils découvrirent un bâtiment rempli de personnes profondément endormies, et Blair, tombée d’épuisement, à quelques mètres de la sortie.